Adolphe Joanne, juriste de formation, journaliste et passionné de montagne, fait partie des pionniers de l’édition des guides touristiques. En ce milieu de XIXe siècle, le chemin de fer commence à se développer et le tourisme est en train (sans jeux de mot) de naître. Le terme de « touriste » apparaît d’ailleurs sous la plume de Stendhal en 1837.
C’est à cette époque que Louis Hachette crée ses comptoirs de vente dans les gares, ceux-là même qui deviendront les fameux Relais H. Le public visé est clairement les voyageurs désoeuvrés. Hachette pense que le créneau des guides touristiques est plein d’avenir. En 1850, il s’associe à Joanne pour développer une nouvelle collection. Le but est de réaliser des guides pratiques : « Ces ouvrages doivent monter avec le touriste dans le wagon et répondre à tout ce qui leur est demandé sur les stations, sur le paysage, les villes, les fleuves, les châteaux et les monuments croisés » indique-t-il dans une brochure en 1852.
Les descriptions y restent très poétiques, telle celle-ci pour décrire Genève :
« Genève est après Naples l’une des villes les plus heureusement situées du monde. Paresseusement couchée comme elle l’est, appuyant sa tête à la base du monte Salève, étendant jusqu’au lac ses pieds que chaque flot vient baiser, elle semble n’avoir autre chose à faire que de regarder avec amour mille villas semées aux flancs des montagnes neigeuses. ».
Et pourtant ces fameux guides connaîtront une postérité fulgurante. On les appellera Guides bleus à cause de la couleur de leur couverture et ils sont les précurseurs de nombreux autres guides qui verront le jour plus tard, comme les guides Michelin ou les guides du Routard.
Pour finir, voici la description que fait Joanne de Chamonix en 1841 : « La vallée de Chamouni [sic] est située à 1000 mètres au dessus de la mer. Elle court dans la direction du nord-est au sud-ouest, le long de l’Arve. Ses habitants sont actifs et laborieux, ils savent presque tous lire et écrire, ils vivent principalement du produit de leurs troupeaux et de ce qu’ils gagnent avec les voyageurs. Ils n’ont point de fruits, excepté quelques mauvaises pommes et cerises. La chasse et la recherche des cristaux forment les occupations principales des Chamoniards qui n’exercent pas les professions de guide ou de porteur. ».
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