Noël est en Alsace une jolie fête pour les enfants. Les parents ont acheté au marché ou fait venir d'une forêt des Vosges un sapin qu'ils ont garni de guirlandes,de bougies, de fruits, de joujoux. A peine la nuit est-elle tombée qu'ils allument les bougies, appellent les enfants, et alors commence la distribution des cadeaux.
A quelle époque remonte cette touchante coutume de l'arbre de Noël? Il est assez difficile de le dire. Peut-être aux temps les plus reculés. Au jour le plus court de l'année, solstice d'hiver, alors que les autres arbres sont dépouillés de leur feuillage, nos lointains ancêtres célébraient l'arbre toujours vert, comme un souvenir de l'été passé, comme un espoir du printemps prochain. Certainement, au début du XVIè siècle, le sapin de Noël était fort en honneur dans la ville de Strasbourg. La quinzaine qui précédait la nativité, une grande foire si tenait sur le Fronhof, la place de la cathédrale; ce fut le Christkindelmarkt, le marché de l'enfant jésus. On y achetait pains d'épices et friandises qu'on envoyait en présent à ses amis. On s'y procurait aussi des sapins qui étaient dressés dans la stube, la salle d'apparat de la maison, ou des branchages de sapins dont étaient garnies les murailles. Dans ce décor, les bourgeois festoyaient joyeusement; puis, pour terminer la fête, ils dansaient autour d'un mannequin à deux faces : l'une était censée tournée vers l'année finissante, l'autre vers l'année nouvelle. Le célèbre prédicateur Geiler de Kaysersberg fulmina dans la cathédrale contre ces habitudes où il reconnut d'abominables restes de paganisme.
Quand Strasbourg fut devenue une ville protestante, elle fit la guerre aux saints de l'église catholique. Elle ne pouvait permettre aux enfants de croire qu'au début de décembre, saint Nicolas leur apportait des cadeaux; il fallait leur mettre dans l'esprit que ces cadeaux venaient de Jésus, et une ordonnance fut rendue en ce sens par le Magistrat le 4 décembre 1570,- de quoi ne se mêlaient pas les conseillers de la ville? Désormais, la veille de Noël,on attachait les sabres de bois, les poupées et les sucreries aux branches du sapin. Au lieu de saint Nicolas, les enfants voyaient apparaître devant eux une belle femmes vêtue de blanc, représentant l'enfant Jésus; elle leur faisait réciter leurs prières et les comblait de présents; mais gare à Hans Trapp le croquemitaine alsacien! Semblable au père Fouettard de saint Nicolas, il menaçait de son martinet les enfants peu sages et faisait la grosse voix. Le rite était trouvé, et, de Strasbourg, il se répandit à la fin du XVIè siècle dans tous les pays de l'Alsace et dans les contrées voisines, avec certaines variantes pourtant.
En Haute-Alsace, au lieu de de Hans Trapp, un âne accompagne le Christkindel et fait entendre une voix peu harmonieuse, si l'enfant ne sait pas ses prières. A Montbéliard et dans les environs, c'est la Airie qui fait office d'épouvantail, le visage couvert d'un loup de velours.
La baronne d'Oberkirch, dans ses charmants Mémoires, a bien décrit, à l'année 1785, la cérémonie telle qu'elle se déroule à Strasbourg : "Le grand jour arrivé, on prépare, dans chaque maison, le sapin couvert de bougies et de bonbons : on attend la visite du Christkindel qui doit récompenser les bons petits enfants; mais on craint aussi Hans Trapp, qui doit chercher et punir les enfants désobéissants et méchants. Le Christkindel paraît toujours et les cadeaux aussi; souvent on entend la voix rude et sévère du Hans Trapp, qui se montre même quelques fois armé d'un martinet et vêtu de rouge comme satan"
Après la guerre de 1870-71, la coutume de l'arbre de Noël s'est répandue en France. Chaque année, depuis 1872, l'association générale d'Alsace_Lorraine a fait transporter à Paris un sapin magnifique de nos belles Vosges, l'a dressé le jour de Noël dans un grand cirque et a distribué jouets, gâteaux et vêtements chauds aux enfants pauvres venus du pays. Les diverses Sociétés alsaciennes de province ont imité cet exemple. Puis les nombreuses familles d'Alsace, établies en France, sont restées fidèles à l'ancienne tradition. On a renoncé aux apparitions et à Hans Trapp; mais l'arbre est là, fleurant bon,avec ses bougies et ses rubans de papier. Chère coutume qui nous vient d'Alsace :
"Mon beau sapin, roi des forêts,
que j'aime ta verdure"
http://geneablog.typepad.fr/geneablog/2006/12/la_questionneus_2.html
"Les saisons d'Alsace" (revue) "Noël l'exception alsacienne"
http://geneablog.typepad.fr/geneablog/2010/11/revue-les-saisons-dalsace.html
revue-les-saisons-dalsace.html Généalogie des boules de Noël
Généalogie du père Noël
Un Noël à Colmar et à Strasbourg (photos)
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