ou l'épreuve de vérité pour l'homme.
Lors des mariages d'antan, on redoutait en particulier de voir un mariage invalidé pour cause de non consommation !
On craignait par exemple des manigances, lors de la bénédiction nuptiale dans l'église, faisant appel à quelques diableries pour « nouer l'aiguillette » du marié. Ceci pouvait le rendre inapte à faire œuvre de chair et de procréation. Cette dernière étant la finalité du mariage.
Les aiguillettes étaient des lacets permettant de faire tenir ensemble le pourpoint et les chausses. Faire des nœuds à un cordonnet comme support symbolique était censé représenter l'impossibilité pour l'homme de retirer ses vêtements pour aller honorer son épouse.
La jeteuse de sort pouvait aussi faire des nœuds autour du sexe d'un animal récemment tué, comme un loup par exemple, ce qui devait affecter le membre viril du marié
Pour dénouer l'aiguillette, on trouve dans le livre de magie du « Petit Albert » des recettes étonnantes : manger un oiseau rôti (pic vert ?) assaisonné de sel béni, respirer la fumée d'une dent brûlée d'un homme mort depuis peu ou que le mari vise bien à travers l'anneau nuptial en… urinant !
En cas de problème, si la femme demandait l'annulation du mariage, il était nécessaire de faire la preuve de cette impuissance supposée du mari en tenant « un congrès ».
Dictionnaire de l'académie française 1ère édition 1694 :
CONGREZ s.m. - Espreuve de la puissance ou impuissance de gens mariez, ordonnée par Justice, qui se pratiquoit autrefois, & qui a esté supprimée. Ordonner le congrez. venir au congrez. subir le congrez. le congrez a esté aboli en 1677.
Aiguillette s.f. - Nouer l'Aiguillette, pour dire, Empescher par un pretendu malefice la consommation du mariage.
Le droit canon reconnaît parmi les empêchements dirimants au mariage l’impuissance antécédente et perpétuelle, soit du côté de l’homme, soit du côté de la femme, qu’elle soit connue ou non de l’autre partie, absolue ou relative, rend de par le droit naturel lui-même le mariage invalide. Si l’empêchement d’impuissance est douteux, que ce soit d’un doute de droit ou de fait, le mariage ne doit pas être empêché. La stérilité n’est empêchement ni dirimant ni prohibitif. (Canon 1068)
Deux affaires de congrès ont défrayé la chronique au 17ème Siècle :
§ En 1659, annulation du mariage du marquis de Langey et de sa femme, née Saint-Simon de Courtomer. (histoire racontée en détails par Tallemant des Réaux). Après trois ans de mariage, elle demande à l'église de mettre fin à son mariage pour impuissance de son mari.
Après auscultation physique détaillée des époux, celle-ci n'étant pas décisive, les autorités religieuses réunirent un congrès chez l'étuviste Turpin, au faubourg Saint-Antoine ; la commission composée de plusieurs prélats, des juristes, de témoins, et d'une matrone de 80 ans, la Dame Pezé, qui allait du lit à la pièce voisine où se tenait la compagnie pour rendre compte de la situation. Hélas pour le marquis elle ne pouvait que répéter "c'est grand pitié, il ne nature point"
Le marquis perdit son procès, ne devait pas se remarier, devait rendre sa liberté à son épouse et lui donner quelques terres. Cependant quelques mois plus tard il épousait Diane de Saint Geniez de Navailles, une protestante à qui il fit six ou sept enfants rapidement !
Son ex-femme Marie de Saint-Simon, Marquise de Courtomer en 1661 épousa en secondes noces Jacques-Nompar de Caumont, Duc de la Force, Pair de France. Le couple eut trois enfants
§ Après un premier mariage en 1643 avec un noble écossais, le comte d'Hadington, Henriette de Coligny huguenote, épousa, sous la pression de sa famille le protestant Gaspard, Comte de La Suze, Marquis de Normanville, seigneur de Lumigny et comte de Belfort, (1618-1673) dont on a écrit « … tout borgne, tout ivrogne et tout endetté qu’il était… ». Fort contrariée de ce remariage, elle commença par abjurer et se fit catholique en 1653.
En 1651 le comte de la Suze se rebella contre Roi à Belfort en prenant le parti de Condé et de la Fronde. Vaincu en 1654, Gaspard de Champagne, comte de la Suze partit en exil et malgré les pressions sa femme refusa de le rejoindre. Il pu rentrer en France en 1659.
Peu désireuse de reprendre la vie commune, la comtesse fit appel à la justice en s’adressant au Châtelet, siège de la justice royale de Paris. Elle demanda l'annulation en disant avoir été contrainte à cette union par sa mère. Le mariage fut déclaré « nul fondé sur ce que ladite Dame soustenoit avoir esté forcée de faire ledit mariage par deffunte Madame la mareschalle de Chastillon… ».
Le comte refusa le jugement. Il s'adressa au Parlement de Paris, à la Chambre de l’Edit. Elle comptait de dix-sept magistrats catholiques et d’un protestant. Le jugement du Châtelet fut cassé.
La comtesse ne renonçant pas s'adressa à l’Officialité de Saint-Germain-des-Prés, tribunal ecclésiastique. Elle accusa son époux d'impuissance. On recouru à un examen médical, puis à l'épreuve redoutable du congrès. Le comte de la Suze ne pouvant honorer son épouse devant témoins, le tribunal décréta 13 août 1661 : « Nous avons déclaré le mariage d’entre les Parties nul, irrité et invalide pour cause de l’impuissance du deffendeur… »
La comtesse obtint ainsi que son mariage soit annulé à la grande confusion de son mari…
Liens :
Généafrance - Empêchements au mariage
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