(Un humaniste convaincu qui vient de nous quitter)
Mon cher Jean-Pierre.
Je te remercie pour ton dernier ouvrage « La lierrelei 2 » que tu m'as fait parvenir et que tu as intitulé "Un petit coin de paradis". Dans ton petit mot l'accompagnant, en parlant de la nouvelle année, tu me disais « Une de plus ! À ce compte, notre "avoir" fond comme neige au soleil »...
Je n'aurai jamais dû t'offrir pour tes 81 ans « La France vue du ciel », je me sens un peu coupable de ton départ prématuré, comme si tu y avais pris goût et que tu voulais regarder ta chère cathédrale de Strasbourg de plus haut et sous un autre angle.
J'étais un admirateur de tes peintures, pastels, fusains et sanguines, j'aurai bien aimé avoir ton art du dessin, envieux même. Fasciné aussi par ton parcours si compliqué et cruel, mais surtout par ta capacité de pardon, ton amour de la vie, et ton espérance dans l'être humain.
J'ai été très heureux et fier d'avoir mis en ligne sur Internet le cahier que tu as rédigé sur ton expérience de jeunesse dans les « Malgrés-nous », en espérant que ton témoignage puisse servir aux générations futures.
Je sais que tu étais un "croyant-espérant", et moi, le gros mécréant souhaite que si le barbu existe, qu'il te réserve une place de choix près de lui pour que tu puisses continuer à observer notre pauvre monde avec ses bons et mauvais côtés...
Franchement, tu n'es pas chouette, tu nous rends le printemps bien triste !
À bientôt, Jean-Pierre.
« Quand j'arrive chez Apprill, dans la maison qu'il a construite il y a 26 ans dans le village protestant de Mittelhausen, au nord de Strasbourg, je le trouve attendant dans la cour, une petite silhouette foncée se tenant dehors dans des volutes de brouillard. Au téléphone, sa voix - les tonalités de son accent alsacien émoussé par l'âge - m'avait préparé à rencontrer un homme beaucoup plus âgé. Mais sa crinière indisciplinée de cheveux blancs soyeux, ses yeux bleus pétillants et sa moustache de morse lui prêtent l'apparence d'un peintre impressionniste en fin de soixantaine - plutôt qu'un vieux soldat dans sa huitième décennie. Il n'a aucune canne pour le soutenir, aucune paire des lunettes perchée sur son nez ; son intelligence est vive, et son esprit rapide et clair. ». (*)
Ce texte est l'extrait d'un article à paraître ce week-end dans le Financial Times Magazine (24/25 mars 2007), sous la plume de Bertrand Benoit, responsable du journal en Allemagne. Il a voulu faire une enquête sur l'Alsace, son déchirement entre deux pays, et l'état d'esprit rancoeur ou pardon des anciens qui avaient été obligés de servir dans l'armée allemande contre leur volonté dès 16-17 ans. Jean-Pierre aura pu lire la maquette de l'article...mais pas de recevoir le magazine.
Après cette triste expérience militaire, Jean-Pierre a intégré l'école des Beaux-Arts à Strasbourg, et est devenu un architecte de renom en créant avec des associés un cabinet qui a exercé pendant 40 ans, comprenant plus de 70 collaborateurs, le cabinet UA5 a reçu en 1972 la médaille de l'académie d'architecture, prix Jean-François Delarue.
Il prend sa retraite en 1999, mais continue toujours à créer, tout est bon pour lui pour exercer son art du dessin et de la poésie, tout en cultivant l'humour qui le caractérise dans des revues de presse que j'aimais feuilleter.
Jean-Pierre APPRILL nous a quitté mercredi 21 mars 2007, à la suite d'une mauvaise grippe, son coeur qui était « trop gros », aura préféré lui offrir d'autres horizons...
Nous adressons à France son épouse, à ses enfants et petits-enfants, nos chaleureuses condoléances.
Quelques liens :
§ Parcours d'un « Malgré-nous » enrôlé de force dans la Werhmart à 17 ans, par J-P Apprill
§ L'histoire de sept copains alsaciens dans la tourmente, basée en partie sur le témoignage de Jean-Pierre Apprill (dont les dessins) - Mady Fehlmann Blackburm - Édition Velours (2006).
§ Un regard sur la Martinique - Peintures de Jean-Pierre Apprill
§ Article du Financial Times disponible sur Internet.
(*) texte que j'ai traduit de l'anglais en essayant d'être le plus fidèle possible.
Ma chère cousine France
A toi Jean Pierre le poète, l'artiste tout mon chagrin de te voir reparti vers ceux que tu as aimés, appréciés, je ne te connaissais qu'au travers de ce que France m'en disait et aussi de tes témoignages si poignants dans "Les Malgré-nous" mais aussi moi l'aquarelliste, j'appréciais par dessus tout tes dessins si fragiles, si plein de poésie..
Adieu Jean Pierre, mon cousin, par delà les mots... c'est un livre qui se ferme mais ne s'oublie pas.
Madeleine Arnold Tétard
Rédigé par : ARNOLD TETARD Madeleine | 24 mars 2007 à 06:24
A toi Jean-Pierre, qui m'a bouleversé à travers ce parcours si chaotique des "Malgré nous", je te remercie pour ce beau témoignage de vie, merci d'être resté debout, en cette période où l'on fête les 50 ans de la CE.
Mais ce qui m'a complètement séduit chez toi: tes aquarelles remplies de lumière, de poésie, exprimant le meilleur de toi-même.
Merci Jean Pierre et merci France pour tout ce que vous représentez pour vos cousins, et amis, votre amitié est gravé dans mon coeur et ma mémoire.
Rédigé par : Benoît Fichet | 24 mars 2007 à 16:54
Je viens d'ajouter le lien du Financial Times qui est disponible aujourd'hui sur Internet.
http://www.ft.com/cms/s/70d29c8e-d9ad-11db-9b4a-000b5df10621.html
Rédigé par : Serge Busiau | 24 mars 2007 à 18:30
Une pensée amicale pour vous France qui savez si bien partager vos passions.
Rédigé par : Guillaume de Morant | 25 mars 2007 à 11:27
Chère France,
J'ai appris par Ann Druhan la triste nouvelle du décès de votre tendre moitié, je sais qu'il faut beaucoup de courage dans ces moments difficiles, je pense bien à vous et à votre famille qui, j'espère, saura bien vous entourer de tout leur amour.
Affectueusement Béatrice
Rédigé par : Merle Béatrice | 25 mars 2007 à 17:00
Reçois France toutes nos amitiés dans cette épreuve douloureuse.
Amitiés
Rédigé par : Yannick VOYEAUD | 26 mars 2007 à 00:50
Je viens d'apprendre par Mado la triste nouvelle -
La perte de son compagnon est une chose terrible -
Je suis de tout coeur avec vous ainsi qu'avec votre famille -
Affectueuses pensées -
Marie-josé EREAC
Rédigé par : EREAC Marie-josé | 26 mars 2007 à 20:25
Chère cousine France,
Apprenant cette triste nouvelle, je t'assure de ma plus tendre affection.Je pense également à tous tes proches qui sauront t'entourer dans cette cruelle épreuve.Tu as su me faire partager ta passion et me faire connaître des évènements inconnus de notre famille.
Très sincèrement
andré HETZEL
Rédigé par : andré HETZEL | 27 mars 2007 à 11:20
Recevez, chère Madame APPRILL, mes amicales pensées dans ce moment si particulier que constitue le départ d'un être si cher.
Rédigé par : André GANTER | 27 mars 2007 à 11:52
Chère France,
De tout coeur avec toi, je t'adresse ainsi qu'à toute ta famille, mes sincères condoléances.
Gérard Mauvillain
Rédigé par : Gérard Mauvillain | 28 mars 2007 à 14:02
Bonsoir France,
Nous nous croisons sur la Toile, je suis très admirative de l'ampleur du travail que vous réalisez pour la généalogie partagée, et regrette que ce soit cet événement douloureux qui me permette de faire la connaissance de Jean-Pierre. Je vous souhaite beaucoup de courage.
Jeanne Duval
Rédigé par : Jeanne Duval | 29 mars 2007 à 14:58
Soyez tous remerciés de vos témoignages d'amitié et de vos mots compatissants.
Durant plus de quarante ans, nous avons partagé nos vies dans la complicité et nos différences, sans jamais le regretter.
Alors, après avoir eu cette grâce, commence le temps difficile de la solitude et du souvenir...
Rédigé par : France A. | 01 avril 2007 à 01:25