Les initiés savent qu’ils existent dans le domaine professionnel deux sortes de généalogistes : les familiaux et les successoraux.
ü Les premiers, sont ceux qui peuvent faire des recherches pour dresser l’arbre généalogique d’une famille ou aider ponctuellement un généalogiste amateur à franchir une étape difficile.
Personnellement, en-dehors de mes propres recherches, j’ai eu recours aux services de cinq généalogistes. Que dire ? Il faut se renseigner autant que possible. Se faire préciser les tarifs et les modalités. Comme pour tout corps de métier on rencontre du très bien, du moyen et du pas terrible.
Dans un cas, on a marié une mère à son fils qui portait le même prénom que le père ! Dans un autre, ayant réglé le tout dès le début volontairement, j’ai été fort mal récompensée en passant six mois à essayer d’obtenir un signe de vie et pour finir j’ai dû menacer du tribunal. Le chèque lui ayant été très rapidement encaissé ! Enfin, après l’évocation de la justice, le travail a été rendu et était correct. Être obligée d'en arriver là… !
Dans deux autres cas des résultats et des échanges positifs et courtois. Mais j’avais une référence haute, ayant commencé avec une généalogiste parfaite, la spécialiste des recherches pour les DOM-TOM au CAOM, Chantal Cosnay. (compétente, intègre et du grande gentillesse).
Une question se posera peut-être dans l’avenir pour ces généalogistes familiaux avec la mise en ligne progressive des registres par les différentes AD. Tout un chacun aura accès gratuitement aux archives même en vivant à l’autre bout du monde.
ü Les seconds, vrais Sherlock Holmes sont des généalogistes successoraux. Ce sont en général les notaires qui demandent leur intervention, lorsque des problèmes se posent pour retrouver des héritiers au moment d’une succession. Parfois ils peuvent s’auto saisir en recherchant d’éventuels héritiers pour des successions « pendantes » dont ils ont connaissance. Il arrive qu’ils interviennent également devant des blocages, afin de retrouver les propriétaires, pour la réalisation de ventes immobilières.
De manière générale les généalogistes successoraux sont les spécialistes pour établir les filiations lorsque l’identité des ayants droit de biens et de successions ne sont pas connus ou seulement connus en partie.
Après avoir rencontré les héritiers qui s’ignoraient tel, ils leur font signer un contrat avant de leur révéler les détails de l’heureuse fortune qui les concerne. Leurs honoraires sont environ de 15% de l’actif brut pour la tranche concernant des héritiers imposés entre 55 et 60%
Les forums bruissent des sommes ainsi prélevées sur les héritages. Mais il faut bien tenir compte que les héritiers potentiels n’auraient rien si les généalogistes ne les avaient pas localisés. Et il n’est pas toujours si simple de remonter les lignes collatérales ou même les descendants en ligne directe en cas de rupture familiale et de dispersion géographie.
Parfois de vrais drames familiaux ont provoqué l’amnésie volontaire de la génération connaissant les liens de branches en branches, et ce faisant il n’y a pas transmission des liens de parenté aux générations descendantes.
J’ai rencontré divers cas :
• Deux parfaits homonymes d’âge similaire, élèves dans le même collège, demandant à leurs pères s’ils étaient parents, réponse : non ! Quarante ans plus tard ils se sont retrouvés voisins de table lors d’une cousinade ! Et pourtant fin du XIXè siècle ces branches signaient des actes ensemble comme témoins etc…
• Cas d’un enfant naturel, devenu adulte vivant à l’étranger, n’ayant pas de contact avec sa famille par la volonté maternelle. Cette dernière mariée, puis remariée, avait gardé son secret vis à vis de ses maris, fait des testaments sans mentionner son fils naturel. A son décès, son enfant légitime informé a dû signaler le demi-frère qui rendait caduque les volontés testamentaires de leur mère. Ce qui a entraîné une recherche à l’étranger de cet héritier longtemps ignoré.
• Autre cas il y a quelques mois l’un des principaux cabinets de généalogistes successoraux m’a contactée. Ils recherchaient le demi-frère ou les descendants d’un allié. Créditée d’avoir fait la généalogie familiale élargie aux collatéraux et apparentés, ils pensaient que je pourrais leur donner des pistes valables, pour situer cette personne née vers 1912 ou ses ayants droits.
J’avais en effet des informations. Mais sans pouvoir donner une information précise sur l’héritier. Par contre je connaissais diverses adresses, aux USA et en Scandinavie, d’autres membres de cette famille dispersée susceptibles de les orienter.
Voilà un bon exemple d’une recherche coûteuse, au long cours et demandant des investigations à l’étranger sans certitude d’aboutir. Ils étaient censés me dire s’ils avaient réussi à conclure positivement, pour l’instant pas de nouvelles, ce n’est pas très sympathique. Il est bien possible que malgré leur efficacité, pour cette fois ils aient fait chou blanc. Si c’est le cas, c’est un exemple à mettre dans leur colonne pertes.
A l’occasion de ce dernier cas, on peut en revenir à nous, les généalogistes amateurs. Pourquoi ? Parce qu’à bien y réfléchir petit à petit nous sommes en train de nourrir de gigantesques bases patronymiques qui deviendront, et certainement sont déjà devenues des relais incontournables sur la piste des chasseurs d’héritiers. Un coup d’œil sur Geneanet et ses 175 millions d’entrées, cela commence à faire pas mal de généalogies croisées !
Donc même nos modestes travaux peuvent avoir des conséquences qui dépassent le cadre d’un loisir ou d’une simple recherche socio-historique familiale. Il se pourrait même pour l’avenir qu’ils jouent un rôle plus important. En raison des complications qui vont surgir avec les nouvelles lois permettant de choisir entre les noms des pères ou mères ou des deux parents, les généalogies déposées devraient compter.
Ne parlons pas des familles éclatées, recomposées, des adoptions simples ou plénières et de la dispersion géographique planétaire. Bonne chance aux héritiers et à leurs découvreurs !
Pour en savoir plus :
§ Geneapass : Des généalogistes professionnels
Illustrations : Jean Apprill - Sherlock-Holmes - Genéanet
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