En Angleterre, Bill Lamin, un professeur de mathématiques âgé de 59 ans, a trouvé les lettres écrites par son grand-père pendant la Première guerre mondiale et a décidé de les partager avec les internautes. En février 2007, il a ouvert un blog. A travers ces lettres, Harry Lamin reprend vie et compte les heures les plus sombres des années 1917-1918.
Une table ronde au milieu du salon. Quatre tabourets autour. Sur la table, des photos en noir et blanc, des feuilles jaunies éparpillées. Ce sont des lettres manuscrites. Parfois l'écriture est tremblante, parfois le trait est assuré. Un homme mince au regard cerclé de grosses lunettes prend place, appose les mains sur les documents, ferme les yeux. Va-t-il se lancer dans une séance de spiritisme? Bill Lamin n'a pas besoin d'invoquer les esprits pour faire revivre la mémoire de ses aïeuls. Ce professeur de mathématiques et d'informatique de Praa Sands, à la pointe de la Cornouailles, a trouvé un moyen plus judicieux. En février 2007, il a créé son blog, en prise directe avec le passé et la mémoire. Car, si le webmestre se nomme bien Bill Lamin, 59 ans, le narrateur est en fait Harry Lamin, son grand-père. Et les faits évoqués se déroulent au cours des années 1917-1918, en pleine Première Guerre mondiale.
Le soldat Harry avait 28 ans lorsqu'il fut appelé au sein du régiment du Yorkshire puis du Lancastershire pour partir en France. Sur le blog de l'auteur, on peut lire la correspondance qu'il écrivit alors qu'il était au front. Des lettres adressées à son grand frère Jack, à sa petite soeur Kate et à sa femme Ethel, le tout composant une sorte de journal intime. Chaque missive est publiée, jour pour jour, quatre-vingt-dix ans après. Autant de témoignages sur l'effroyable quotidien des tommies dans les tranchées boueuses. Harry raconte la peur, le froid, la faim, l'ennui. Et la mort. Celle de ses compagnons de tranchée, que l'on apprend à apprivoiser afin de ne pas tomber dans la folie, et celle, aveugle, que l'on assène. Harry a tué, au moins une fois. Il a même baptisé sa victime allemande "Fritz".
Ces lettres ne constituent pas uniquement un récit de guerre, mais une plongée au coeur d'une famille rongée par la séparation. Dans son courrier, Harry Lamin demande des nouvelles de sa nièce, Connie, qui souffrait d'une malformation au cerveau, et de son fils Willie, qui n'avait qu'un an lorsque son père est parti à la guerre. En décembre 1917, Harry reçoit pour la première fois une carte de son épouse Ethel. Au recto, l'Union Jack avec une inscription « Bonne chance et bon Noë »l" ; au verso, l'écriture penchée d'Ethel « Je te souhaite un joyeux Noël, avec amour, Ethel »... C'est la lettre préférée de Bill Lamin. Le prof blogueur la repose délicatement sur la nappe. Et montre une photo de son grand-père avec son régiment, prise quelques jours avant le fameux départ.
Bill Lamin a mis en ligne plus de 200 lettres
La première fois qu'il a vu ces documents, Bill n'avait que 13 ans. Sa mère les rangeait dans une boîte à biscuits cachée au fond d'un placard. Le placard défendu. Mais, à l'adolescence, les interdits sont faits pour être transgressés. Un jour, Bill a ouvert le trésor familial. Du passé de ce grand-père qu'il n'a jamais connu, il n'en saura cependant pas plus. Chez les Lamin, la guerre est un sujet tabou, même si William Lamin, le père de Bill, le petit Willie du blog, a également combattu contre les Allemands durant le second conflit mondial.
Lorsque Bill hérite de la boîte, en 2006, il se plonge dans la lecture des lettres et y trouve une fascinante matière historique. « J'ai tout de suite pensé que ces écrits pouvaient intéresser puisqu'ils nous font vivre la tension que pouvaient ressentir les familles attendant des nouvelles de leurs fils ou père partis au front »" Il songe d'abord à en tirer un livre : « Je me suis dit qu'il n'y aurait pas assez de suspense en livrant une simple compilation de lettres. Et puis tout s'est éclairé. A l'école, je voyais que presque tous mes élèves ouvraient des blogs. Ils m'ont expliqué comment créer le mien. Ils m'ont vraiment poussé dans cette aventure. ».
En juillet 2006, Bill élabore le concept du blog et prépare les portraits des protagonistes du site, le héros et les membres de sa famille. Dates de naissance, signes astrologiques, professions, autant de précisions organisées sous forme de fiches techniques. Pour Harry, cela donne : né en août 1887, à Awsworth, près de Nottingham, signe de la Vierge, profession dentellier. En février 2007, Bill poste la première lettre de son grand-père. Depuis, il a mis en ligne plus de 200 lettres : « Je trouve que mon grand-père avait du talent. Pourtant, il a peu fréquenté l'école. Son père, d'abord propriétaire d'une ferme, a eu des soucis financiers et s'est retrouvé un temps commis de ferme. »".
Pour Bill, son grand-père n'est pas un héros mais un "simple soldat courageux qui s'est accroché à la vie grâce au lien qu'il maintenait avec ses proches. Et puis, il a eu beaucoup de chance, le destin a voulu qu'il réchappe de plusieurs batailles meurtrières". Ainsi de la bataille de Messines Ridge, en juin 1917 sur le front belge, où plus de 450 tonnes d'explosifs furent utilisées. "C'était horrible, écrit Harry, nous avons beaucoup marché et perdu beaucoup d'hommes, seulement trois soldats de notre section sont revenus. Nous avons reçu les félicitations du général.".
"Il y a un message universel sur l'absurdité de la guerre"
La semaine dernière, le blog a enregistré un record de 50 000 visites en huit jours. Parmi les visiteurs, des anonymes qui confient leur conception de la guerre : « Quand j'étais petit, on me disait que c'était quelque chose d'héroïque ; en lisant ce blog, j'ai compris que c'est exactement le contraire, et c'est ce que je transmettrai à mes enfants », écrit l'un d'entre eux. « J'ai reçu des réactions de mères américaines qui ont des fils en Irak et qui se reconnaissent dans les lettres de la famille Lamin. Il y a un message universel sur l'absurdité de la guerre », souligne Bill.
Combien de lettres Harry va-t-il encore envoyer ? Va-t-il rentrer du front ? Bill ne veut en aucun cas dévoiler la fin de l'histoire. C'est de cette manière qu'il peut tenir en haleine ses inconditionnels. Et leur faire partager un peu de l'angoisse qui fut celle de Harry et des siens.
Sources :
§ Le JDD : Article de presse
§ Blogspot : Blog de Bill Lamin, petit fils du soldat Harry (en)
Illustrations : Bill Lamin, divers
Je suis un fils d'ancien combattant us et de l'armee rouge,delivre par les us army par manque de moyens,par la faim mon pere à continue la guerre contre les allemands ,mais dans les annees 1950 lorsque les americains ont voulu combattre la coree mon pere a dit stop,d'autres sont partis bien souvent des jeunes qui n'avaient connu que la misere et ne sont plus revenus,se sont les plus pauvres qui meurent ,pour ces familles us qui se plaignent que leurs enfants sont en irak et qu 'ils meurent pour rien pourquoi ne votent t elle pas autrement ...je ne comprends pas il y a des plaintes et c'est les memes idiots qui passent aux elections et qui regissent le monde...est ce que les peuples sont aveugles faut il un nouveau messie sur terre que ce pape de raziger representant de dieu sur notre terre representil la paix comme il le dit ou plutot la guerre, il va falloir tout de meme ouvrir les yeux et reagir...Je pense avoir relate la verite.....reflexion à present
Rédigé par : kudrawiec joseph france | 23 août 2008 à 22:23
Monsieur, sauf respect, vous êtes bien naïf.
Il y a des dominants et des dominés.
J'ai un grand-père qui est décédé torturé, résistant des colons, et un arrière grand-père qui a fait la guerre 39-45 et aucun des corps n'a été ramené à leur femme respective !!...
Les guerres sont régies par des lobbies et tant qu'il y aura intérêt, il y aura désordre, conflit ; j'en passe et des meilleurs...
Inévitablement les soldats en général sont les premiers au front et certes ils ne sont pas les mieux lotis bien que le comportement de certains ne soit pas cautionnable, ils basculent souvent dans une inhumanité sans nom !!
Quand l'Homme deviendra raisonnable, on en reparlera ...
Cdlt,
Rédigé par : Meriam R | 25 août 2008 à 21:27