Nouvel épisode dans l'écriture d'une histoire commune de la France et de l'Allemagne. Le ministre français de l'éducation, Xavier Darcos, et le maire (SPD) de Berlin, Klaus Wowereit, plénipotentiaire de la République fédérale pour les relations culturelles franco-allemandes - qui dépendent des Länder - devaient présenter, mercredi 9 avril à Berlin, un manuel franco-allemand d'histoire destiné aux classes de première.
Cet ouvrage est le deuxième d'une série commencée il y a deux ans. En 2006, un premier livre d'histoire, couvrant la période après 1945, avait été mis à disposition des classes terminales dans les deux pays, en deux versions, une française et une allemande au contenu et à la présentation identique.
Utilisable dès la rentrée 2008 par les enseignants français et allemands, "L'Europe et le monde du Congrès de Vienne à 1945", a été conçu sur les mêmes principes que le précédent. Une équipe franco-allemande de douze professeurs d'histoire s'est constituée autour de Peter Geiss, professeur au Friedrich-Ebert Gymnasium de Bonn, Daniel Henri, professeur au lycée Fénelon et de Guillaume Le Quintrec, professeur au lycée Henri IV à Paris.
De chaque côté du Rhin, les auteurs se sont attelés à la rédaction d'une histoire marquée par trois grandes guerres. L'équipe est tombée d'accord pour s'aligner sur le programme allemand de première qui commence vingt-cinq ans plus tôt que celui des Français. La période étudiée débute donc en 1815, et s'achève après la seconde guerre mondiale.
Les points de désaccord n'ont pas été très nombreux. "Les historiens allemands et français s'accordent sur les raisons qui ont déclenché la guerre de 1914-1918. La thèse du militarisme allemand contre une France agressée n'a plus cours depuis une quinzaine d'années", explique Pierre Monnet, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et membre du comité de pilotage du projet.
Les principaux sujets de discussion ont porté sur la souffrance des populations civiles. "Il y a eu un rééquilibrage sur les conséquences de la guerre sur les deux peuples", poursuit M. Monnet.
Concernant la seconde guerre mondiale, l'équipe a retouché un chapitre sur le IIIe Reich. Les Français ont insisté pour que soit pris en compte le phénomène de séduction exercée sur la population par les nazis. Le regard croisé sur la guerre 14/18 a permis de rajouter des sujets peu traités dans les manuels français, comme l'importance du front russe, la mondialisation du conflit en Chine, l'Europe et ses nations. Pour M. Monnet, cette collaboration a aussi mis en lumière les différences pédagogiques. "L'enseignement de l'histoire en France privilégie le récit alors que l'Allemagne est plus dans la confrontation critique", explique l'historien.
Les deux éditeurs, le français Nathan et l'allemand Ernst Klett, espèrent que cet ouvrage connaîtra le même succès que le précédent. Selon Nathan, le premier manuel, qui a été retiré, a été vendu à 44 000 exemplaires en France et 35 000 en Allemagne, principalement dans le cadre de la prescription scolaire. Un troisième ouvrage destiné aux classes de seconde est annoncé pour 2009.
Sources :
§ Le Monde : Article de Catherine Rollot du 10 avril 2008
§ Nouvelobs : Article de presse
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