En ces temps étranges où il est de bon ton de détruire les traditions, un article de Guillaume R. le président de FranceGenweb sur leur blog, confirme mon impression d'une génération de "lentilles d'eau"
Les lentilles d'eau sont ces confettis végétaux verts qui flottent sur les lacs, cours d'eau tranquilles etc..., Je les évoquais dans une note précédente. Les lentilles d'eau sont charmantes mais ne s'enracinent pas, elles flottent au gré des courants. Les dépouilleurs de mémoire, eux, naviguent en suivant les courants de pensées du temps présent.
Si j'en crois ce qu'a écrit Guillaume R. les monuments aux morts des villes et villages qui témoignent du sacrifice de tant de jeunes hommes et de pères, seraient dans leur collimateur. Toutes ces stèles auraient fait leur temps et devraient être discrètement remisées ailleurs . Bientôt, on nous dira que ces rappels tristes et fiers de notre mémoire collective sont indécents.
Si j'ai bien compris, il faudrait construire à la place des "monuments de la paix" C'est une belle intention, pourquoi pas...Mais on pourrait les ajouter sans soustraire les monuments qui rappellent le passé.
Il conviendrait aussi de dire, aux promoteurs de cette nouvelle pensée, que pour qu'ils se dilatent dans cette paix si précieuse, d'autres ont donné leur vie pour cela. Ils méritent à défaut de reconnaissance, le droit de se dresser au coeur de nos cités comme le témoignage du prix à payer pour que s'écrive le mot "Paix" sur les monuments qu'ils souhaitent ériger maintenant. Fragile la Paix... la guerre des Balkans c'était hier et c'était l'Europe!
illustration wikipedia : le monument aux morts de Strasbourg.
Une mère étreint ses deux fils morts, l'un a porté l'uniforme français, l'autre incorporé de force, l'uniforme allemand. L'Alsace-mère a durement gagné le droit, ainsi que les autres cités, de voir ces monuments être la mémoire de tous ces hommes.
Le monument aux morts de Strasbourg mérite un examen plus détaillé.
Il a été sculpté en 1936 par Drivier, un élève de Rodin et ne peut donc pas représenter un Malgré-Nous.Ah! la mémoire!
Inspirée par la Pièta de Michel-Ange la sculpture montre une femme, assise, qui tient dans ses bras deux hommes agonisants. Les deux hommes sont dépouillés de tout vêtement on ne sait donc pas dans quel camp ils ont combattus, ensemble ou l'un contre l'autre? L'un a la figure tournée vers l'est, avait-il un uniforme allemand, l'autre se tourne vers l'ouest, on suppose qu'il était dans l'armée française? On ne le sais pas, par contre on remarque très bien que, dans un dernier sursaut, ils se tiennent par la main.
Enfin sur le piédestal on ne lit pas la formule consacrée dans toutes les villes et tous les villages: "morts pour la France" mais ces simples mots: "A nos morts".
Dans son discours d'inauguration l'adjoint au maire de Strasbourg à l'origine du projet, M. Henry Lévy, demande que ce monument soit "une pierre à l'édifice de la paix" Il ne sera pas entendu, la guerre éclatera à nouveau trois ans plus tard mais nous pouvons néanmoins suivre le conseil qu'il a donné alors: "puisse ce monument être pour ceux qui nous suivent un objet de méditation".
Interrogé le 11 novembre 2010 sur Europe 1,l'historien Michel Winock a fait la distinction entre la "célébration" et la "commémoration" (consultez votre dictionnaire favori!). Au fond c'est ce suggérent avec des mots très maladroits les auteurs anonymes du site monument pour la paix. Ce monument pour la paix existe déjà en Alsace.
Rédigé par : Francis Bijon | 22 novembre 2010 à 16:42
Au commentaire intéressant de Francis Bijon, on peut ajouter en complément:
La référence aux Malgré-Nous n'est pas vraiment hors de propos pour ce monument dédié aux soldats de la guerre 14-18, même s'il s'est s'agit d'une "simplification" car:
"Déjà, après la première guerre mondiale(14-18), une association d'anciens combattants mosellans choisit dès 1921 de se dénommer « Malgré-nous»"
http://www.geneafrance.org/rubrique.php?page=malgre
Lors de l'inauguration "c'est Henry Lévy [adjoint du maire Ch. Frey] qui termina les allocutions publiques. Il prononça un discours empreint de pacifisme :
« Toute cette tragédie est évoquée dans la douleur que reflète cette belle figure de femme non seulement symbole de la patrie, mais symbole aussi de l'humanité meurtrie… recueillant avec une émouvante sollicitude deux guerriers mourants, tombés sous les plis de deux drapeaux, mais, dont les mains se cherchent pour s'unir dans une suprême étreinte...» (voir Wikipedia)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_aux_morts_de_Strasbourg
Rédigé par : France A. | 24 novembre 2010 à 05:17
Ce blog est quelque chose de rare sur le web, je ne pensais pas lire quelque chose d' aussi intéressant. merci
Rédigé par : référencer site google | 13 novembre 2012 à 15:56