Les maladies rares, souvent génétiques, nécessitent l'étude de la famille du patient. Les généticiens ayant besoin d'aller le plus loin possible, de remonter sur plusieurs générations pour ensuite rechercher des cousins, ils font de plus en plus appel aux généalogistes.
C'est ainsi que le Docteur Christian Allen Drouin, dermatologue au Centre hospitalier du Grand-Portage de Rivière-du-Loup a dressé les arbres généalogiques de ses patients issus de la région de Kamouraska–Rivière-du Loup–Témiscouata–Les Basques au Québec.
Ceux-ci étaient atteints du syndrome de Rothmund-Thomson, une maladie génétique qui se caractérise par des lésions cutanées, des cataractes précoces ainsi que des malformations osseuses, qui dégénèrent fréquemment en cancer des os dès l’enfance.
Le Docteur Drouin voulait identifier l'ancêtre qui avait introduit cette maladie au Québec. C'est ainsi qu'il a découvert de nombreux Allemands dans des lignées de Québécois francophones. Il a présenté cette découverte dans le cadre du 71e congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) en mai 2003.
Mais pourquoi l'Histoire ne fait-elle pas mention de ces faits découverts récemment ?
Au XIXe siècle, la fierté d'être Canadien Français catholique était assez forte pour taire les origines Allemandes. Les guerres mondiales n'ont pu qu'amplifier cette tendance. Et puis, pour diverses raisons, les patronymes allemands avaient disparu en l'espace d'une génération :
- patronymes allemands francisés ou anglicisés par les curés lors des mariages
- descendance essentiellement féminine qui fait perdre le patronyme paternel au mariage.
Et si vos ancêtres Canadiens étaient d'origine germanique ?
Dans sa conférence, le Docteur Drouin donne une liste d'exemples de francisation de patronymes germaniques. Vous pouvez vous y reporter et qui sait ajouterez-vous des branches à votre généalogie.
Mais ce qui est également intéressant en ces temps de fêtes de fin d’années, c’est une anecdote révélée dans cette même conférence du Docteur Drouin après l’étude des familles d’origine germanique.
Parmi celles-ci on trouve le major général von Riedesel, et son épouse, qui a amené au Canada la tradition du sapin de Noël de Brunswick dont il commandait les troupes.
Comment expliquer cette présence importante d'Allemands dans cette région réputée francophone ?
Lors de la guerre d'indépendance des Etats-Unis, l'Angleterre voulait s'opposer à cette indépendance en y envoyant ses armées. Les soldats Anglais ne voulaient pas combattre leurs frères en Amérique. Le Roi Georges III, monarque du Royaume Uni et de Hanovre a demandé à ses cousins et amis des duchés et principautés de l'actuelle Allemagne, de lui fournir des soldats. Ce sont 7 à 10.000 mercenaires Allemands qui ont vécu au Québec de 1776 à 1783, durant la guerre d'indépendance des Etats-Unis.
Ces soldats Allemands, qui maîtrisaient le Français, se sont liés à la population des régions du Bas-Canada qu'ils protégeaient des indépendandistes. Une fois la guerre terminée, environ 2.500 d'entre eux restèrent au Canada dont 1.300 à 1.400 au Québec, majoritairement dans le Bas-Saint Laurent. Ils ont presque tous épousé des Françaises émigrées au Canada. Si l'on ajoute quelques centaines d'immigrants libres germaniques, c'est 10 % des ancêtres Québécois francophones qui sont en fait d'origine allemande.
Commentaires