La vie au fil des mois était rythmée par les fêtes presque toutes d’origine religieuse. En décembre ce temps de festivités commençait par la Saint Nicolas des catholiques. Lors de la réforme, les protestants à Strasbourg avaient substitué au marché de St Nicolas celui de l’enfant Jésus/Christkindel Märik qui perdure d’ailleurs place Broglie. Actuellement, deux millions de visiteurs le parcourent durant le mois de décembre.
Mais à Mulhouse, lorsque ma grand-mère était jeune, le marché de la Saint Nicolas était un évènement important. Dès la veille on achetait des petites brioches en forme de bonhomme, les Männela (Männele dans le Bas-Rhin), le jour dit c’était des Schnackala/escargot en brioche également.
Le soir allant de maison en maison passait Saint Nicolas qui visitait les enfants sages avec des petits présents, fruits secs, pommes, confiserie et petits pains d’épices/Lebkueche sur lesquels étaient collés des images naïves en couleur.
Les mauvais sujets voyaient surgir le Hans Trapp/père fouettard très impressionnant avec ses verges, sa grosse voix et son visage très vilain barbouillé de traces de suie.
Le père Noël ne fit son apparition en Alsace qu’après la seconde guerre mondiale.
C’est le Christkindel/l’enfant Jésus en la personne d’une jeune fille belle comme un ange vêtue de blanc qui à Noël venait le 24 au soir distribuer les cadeaux. Elle était en général accompagnée du Hans Trapp au cas ou… !
Coutume bien ancrée le sapin de Noël se dressait décoré, illuminé par des petites bougies dans de bougeoirs métalliques à pince. Les mamans accrochaient encore dans les branches des petits Bredele/biscuits secs de formes diverses, animaux, étoiles, disque solaire et quart de lune… puis on ajouta guirlandes et boules de verre colorées.
Il avait représenté au début l’arbre du paradis paré de pommes rouges, le fruit défendu, ainsi que de petites hosties multicolores « profanes » (non consacrées par le prêtre). Elles symbolisaient la venue de l’enfant Jésus, sauveur des croyants. Par la suite symbole de corporation, il est devenu vers le 18ème siècle l’arbre réunissant la famille autour de lui.
On situe à Sélestat la naissance de cette tradition du sapin de Noël. Les livres de comptes de la ville font apparaître en 1521 une dépense de 4 Schillings pour la surveillance en forêt des sapins avant Noël.
Pour d’autres c’est déjà au 13ème siècle à Obernai qu’on mentionnerait le sapin. On peut penser à partir de différentes sources que c’est une tradition rhénane, au fil du temps, devenue protestante avant de se généraliser.
Après 1870 les autorités allemandes favorisèrent cette coutume qu’on retrouvait également chez eux. Mais les Alsaciens optants pour la France au même moment emportèrent avec eux l’habitude de dresser un sapin décoré qui leur rappelait avec nostalgie leur petite patrie. Ceux qui émigrèrent aux quatre coins de la planète firent la même chose.
Bonjour France et Joyeux Noël,
Ainsi que tu le dis bien, la tradition du sapin de Noël vient de l'Allemagne et des régions alémaniques.
J'ai eu la même idée d'en parler en choisissant le sujet "La Généalogie au service de la médecine et de l'Histoire" pour l'article qui précède.
Entre 1776 à 1783, durant la guerre d'Indépendance des Etats-Unis, c'est le major général von Riedesel, et son épouse, qui ont amené au Canada la tradition allemande du sapin de Noël. Avec eux des milliers de soldats ont fait souche là-bas et perpétuent bien entendu cette tradition.
Rédigé par : Gérard Mauvillain | 24 décembre 2006 à 13:19
Bonjour Gérard,
C'est en lisant ton article parlant de Noël que j'ai repensé aux récits de ma grand mère. Mon papier venait un peu en complément.
Sur le fond, difficile de trancher quant à dire que le sapin trouve son origine de l'autre côté du Rhin.
Je viens de parcourir divers alsatiques et c'est incertain. On peut au moins dire que c'est bien dans l'aire alémanique que cette coutume s'est affirmée.
A l'époque médiévale il représentait l'arbre du paradis lorsqu'on jouait "les mystères" à Noël devant les églises; Au XVè S. il trône dans la salle des corporations, puis avec la réforme il devient l'emblème des protestants en opposition à la St Nicolas des catholiques. Plus tard au XVIIIè S il illustre le temps de Noël dans les familles.
Dans le Nord Alsace comme en Franconie on préféra longtemps choisir le bouleau blanc comme arbre de Noël.
Par ailleurs on note qu'en 1419 dans la région de Fribourg en Allemagne, on relate qu'un arbre décoré de douceurs et de fruits avait été dressé par la corporation des boulangers.
On peut ajouter qu'une légende raconte que St Boniface au VIIè S parti évangéliser les peuples germaniques du Nord de l'Allemagne, abattit leur chêne sacré objet d'adoration.
En tombant ce dernier détruisit tous les arbres autour de lui sauf un modeste sapin que le Saint désigna comme l'arbre du Christ. (Sources G. Trendel pour Sélestat1521 et le bouleau), J Cl Richez et A Wahl (pour Fribourg 1419),(A. Pfimlin et Ch. Seidensticker pour l'Alsace à Obernai au 13è S.)
En conclusion ce serait plutôt l'Alsace au tout début.
Rédigé par : France A. | 25 décembre 2006 à 05:19