Innovation née de la révolution, le système métrique a mis des années – des décennies ! – à s’imposer en France, et a fortiori dans le monde. Né de l’idée d’une unité de mesure universelle, conforté par les demandes de nombreux cahiers de doléances, avec pour lui l’énorme avantage du rattachement à la base décimale qui facilitait les calculs, le système métrique n’est pas aussi bien implanté qu’on veut bien nous en assurer. Une petite balade dans le monde du commerce au quotidien nous apportera quelques preuves.
Tout d’abord, rendons nous dans notre supermarché préféré. Là nous acheterons quelques bouteilles de vin, un pack de lait et un pack d’eau, trois boites de conserve et une douzaine d’œufs. Ajoutons-y quelques fruits que nous aurons mis dans un sachet et fait peser, tout en se moquant du poids – et presque du prix -. Peu importe : nous voulions quelques pommes.
Nous allons ensuite au rayon chaussures pour nous acheter une nouvelle paire, taille 41. Bien sûr, ce ne sont pas des centimètres ! La mesure des pointures est basée sur des quarts de pouce ; la pointure 41 correspond donc à 41 x 2,54 / 4 cm. Ca s’appelle la simplification !
Pour les vêtements, on n’est guère mieux loti puisque apparaissent maintenant les tailles S, M, L, et autres XXL ; je vous défie d’y trouver un système métrique ou une base décimale.
Enfin nous voilà à la caisse, où nous présentons notre carte bleue qui mesure 2 pouces 1/8 sur 3 pouces 3/8 !
Rentrés chez vous, vous pensez être sauvés. Enfin loin de ces pouces, de ces mesures anglo-saxonnes, de cet héritage du passé. Que nenni ! Votre écran d’ordinateur a une diagonale exprimée en pouces, et les CD ont un diamètre de 4 pouces ¾, ce qui fait presque 12 cm, je vous l’accorde. Quant à à la mémoire, on l’exprime couramment en kilobytes ou en mégabytes ; mais ces kilos là ne valent pas un kilo de notre chère convention. Ce sont des faux kilos, puisqu’ils ne sont qu’une approximation du nombre 2 (toujours pas de base dix à l’horizon !) élevé à la puissance 10 (tiens ! enfin !).
Le format de nos papiers n’échappe pas à la règle. Les anciens listing informatiques avaient des hauteurs de page de 11 ou 12 pouces dans tous les pays du monde. Quant à nos bonnes vieilles feuilles de papier, elles sont régies par un système binaire. Si la feuille de base au format A0 a bien une surface d’un mètre carré (avec un rapport hauteur/largeur de 1,414, la racine carrée de 2), tous les formats dérivés (A1, A2, A3, A4,…) sont issus d’une division du plus grand côté par deux. Pour terminer, les caractères imprimés, vous le savez tous, ont une taille exprimée en points. Mais qu’est-ce qu’un point ? Il s’agit du point typographique, issu de l’imprimerie et dont la taille est en réalité deux points, soit 1/72 de pouce.
On pourrait continuer encore longtemps cette énumération : Les calibres chez l’armurier sont exprimés en pouce, la taille des pneus chez le garagiste, en pouces aussi, le titrage de l’or est exprimé en carat (18 carats = 18 parties d’or pur pour 24 d’alliage). Tiens ! 24 ! cela ressemble à nos heures de la journée, divisé en 60 minutes, en 3600 secondes. Le temps, un autre système qui est resté définitivement hermétique à la base dix. Sans parler des miles nautiques, des pieds aéronautiques…
Finalement, le passage à l’euro, ça s’est plutôt bien passé, non ?
Définitivement, l’homme est allergique au changement qu’il réclame pourtant de toute son énergie !
PS : le lecteur qui verra ici une allusion politique est prié de penser qu’il se trompe !… quoique…
Commentaires