On peut remonter fort loin, dans le temps en France, pour rencontrer une mention d'éclairage public.
« ...C'est ainsi qu'en 1318, les meurtres étaient si fréquents aux abords du Châtelet que Philippe V "Le Long" ordonne qu'une chandelle soit entretenue toute la nuit à la porte du palais, tandis qu'à la fin du siècle un fanal était installé à la Tour de Nesle, à l'entrée de Paris. ».
En 1465 un édit royal de Louis XI, impose aux Parisiens habitant au premier étage de mettre une bougie sur le rebord de leur fenêtre à la tombée du jour. Cependant cette mesure fut fort peu respectée, d'autant qu'on redoutait les incendies qui étaient fréquents. On en resta aux lanternes des enseignes des boutiques. C'est seulement après des arrêts du parlement réitérés en 1524 et en 1558 ordonnant aux bourgeois d'éclairer la rue en ayant une chandelle allumée sur le bord de leurs fenêtres, que la mesure s'appliqua.
Nicolas BOILEAU (1636-1711) poète et critique écrivait qu'à côté d'un bois isolé, Paris était un pire coupe-gorge, tant les bandes de coupe-jarrets tenaient le haut du pavé. En dépit du guet et de veilleurs eux-mêmes fort effrayés placés à des endroits sensibles, les brigands terrorisaient les bonnes gens. A Paris on tenta d'améliorer la situation en 1558, en mettant aux coins des rues un lumignon fait d'étoupe et de poix.
Pour donner une meilleure sécurité en 1662, par décision de Louis XIV, fut institué à différents carrefours, un service payant de porteurs de flambeaux qui pouvaient accompagner les passants jusqu'à leur demeure pour trois sols le quart d'heure pour un piéton et cinq sols pour un carrosse.
Avec la nomination en 1667 du sieur de la Reynie comme lieutenant général de la police, les mesures de sécurité et la surveillance policière sont renforcées. Il commença par faire suspendre une lanterne allumée aux deux bouts de la rue, et une troisième en son milieu. Cette nette amélioration enthousiasma tant la population qu'on en trouve la trace sous la plume de la Marquise de Sévigné :
« Nous trouvâmes plaisant d'aller ramener Madame Scarron, à minuit, au fin fond du faubourg Saint Germain fort au delà de Madame Lafayette, quasi auprès de Vaugirard dans la campagne… Nous revînmes gaiement à la faveur des lanternes dans la sûreté des voleurs. » Peut-être venaient-elles de l'hôtel de la Rochefoucault, rue de Seine ?
Ces lanternes seront remplacées à l'initiative du lieutenant général de la police Mr de Sartine à partir de 1766 par des réverbères à huile.
Pourtant, Balzac peste en écrivant en 1842 dans l'ébauche de son roman Valentine et Valentin et demande l'installation de réverbères à gaz qui avait fait leur apparition à Paris à partir 1820 : « la ville de Londres fut éclairée au gaz en 18 mois, et [après] 15 ans une seule moitié de Paris est en ce moment éclairée par ce procédé miraculeux. La rue des Marais fait partie de la moitié qui conserve le hideux réverbère [à huile] ».
Pour ce qui est de la province, il existe un Edit du Roy (archives nationales, cartons de la chambre des comptes - Mai/juin 1697) : « De tous les établissements qui ont été faits dans notre bonne ville de Paris, il n'y en a aucun dont l'utilité soit plus sensible et mieux reconnue que celui des lanternes qui éclairent toutes les rues; et comme nous ne nous croyons pas moins obligés de pourvoir à la sûreté et à la commodité des autres villes de notre Royaume qu'à celle de la capitale, nous avons résolu d'y faire le même établissement et de leur fournir les moyens de le soutenir à perpétuité.... seront les dites lanternes posées et allumées à commencer du 20 octobre de la présente année 1697, jusques et compris le 31 mars 1698, aux heures réglées par lesdits maires et échevins, ce qui sera exécuté d'année en année, à perpétuité », suit la description technique de celles de Paris qui doivent servir de modèle. Il y a encore 4 pages de texte et de gravures.
Philippe Lebon, ingénieur des Ponts et Chaussées au service du pavé dépose son premier brevet pour l'utilisation du gaz le 28 septembre 1799.
C'est avec la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle que fut mis en œuvre et se répandit l'éclairage urbain à l'électricité.
Nos lointains ancêtres précurseurs de l'éclairage urbain seraient certainement plus qu'étonnés de voir la débauche d'illumination des villes de notre époque.
Quelques liens:
L'éclairage public à Paris, sa gestion, son utilité, et son histoire.
Paris, ville lumière, sur le site France Monthly.
Saint-Ouen, 150 ans d'éclairage public.
Le veilleur de nuit de Turkheim
Historique de la rue Visconti à Paris.
pour compléter on peut ajouter :
le numérotage des rues
http://geneablog.typepad.fr/geneablog/2007/10/numrotage-des-i.html
les noms des rues
http://geneablog.typepad.fr/geneablog/2007/08/historique-des-.html
Rédigé par : France A. | 20 décembre 2007 à 14:28
très bon article
Rédigé par : jhtt | 03 mai 2010 à 15:38