Hier, dimanche 11 mars 2007, a été célébré à l'hôtel de ville de Paris, le bicentenaire du Grand Sanhédrin. Un millier de personnes, représentant la communauté juive de France, était présent dans la salle Saint-Jean, lieu même où cette institution a été créée par Napoléon deux siècles avant.
L'empereur avait convoqué du 6 février au 9 mars 1807, les institutions juives, composées par les notables et les rabbins, pour discuter de l'avenir de cette religion.
Il chargea Mathieu Molé, Portalis fils et Pasquier des fonctions de commissaires auprès de l'assemblée. Une commission de neuf membres fut nommée par les délégués et de concert avec Molé, Portalis et Pasquier, un règlement organique du culte mosaïque fut élaboré. L'assemblée l'adopta à l'unanimité le 10 décembre 1806. La commission prépara un certain nombre de décisions doctrinales qui furent soumises à l'approbation et à la sanction d'une autre assemblée, le grand sanhédrin, composé en majeure partie de rabbins.
Ce Sénat juif, composé de 71 membres, s'est réunit à l'hôtel de ville le 9 février 1807 et approuva les formules morales proposées par la commission des neuf et par les trois commissions supérieures. Ces formules, imprégnées de l'esprit moderne, résumaient les principes de doctrine morale et religieuse dont devaient s'inspirer les ministres du culte et les administrateurs des communautés et des consistoires établis par le règlement organique.
Douze questions avaient été posées pour savoir si la religion juive était compatible avec la citoyenneté française telle définie par les lois de la République. Les responsables de cette communauté se sont déclarés respectueux des valeurs de l'état français.
À l'époque, les Juifs étaient accusés d'avoir des noms qui changeaient à chaque génération, ce qui ne permettait pas de retrouver les gens et de fixer les liens de parenté à l'intérieur d'une même famille, en particulier pour la conscription. Par le Décret de Bayonne du 28 juillet 1808, Napoléon imposa à tous les juifs de l'Empire de prendre un patronyme définitif.
C'est à la suite de ce pacte républicain, passé entre l'État et les responsables religieux, que Napoléon décida que les juifs seraient citoyens à part entière, avec les droits et les devoirs que ce statut implique.
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