Le téléfilm « Tropiques Amers » a été diffusé à l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, le jeudi 10 mai 2007, sur France 3. Cette saga en six parties retraçait vingt années d'esclavagisme au XVIIIe siècle à la Martinique, suivant « les destins des maîtres et des esclaves qui se croisent et s'affrontent: les uns venus faire fortune, les autres luttant jour après jour pour survivre et gagner un peu de liberté ».
Un ami, après l’avoir regardé et vu les mœurs et comportements des békés (blancs) s’était exclamé « est-il possible qu’ils aient été aussi horribles ? ».
Les extraits d'un ouvrage ci-dessous répondent brièvement à cette question. Avant qu’arrive l’abolition de l’esclavage en 1848 avec cette phrase écrite par Schoelcher «Nulle terre française ne doit plus porter d’esclaves » il y avait eu celle de Bonaparte lors du décret du 20/03/1803 « Aucun homme, aucune femme de couleur ne doit plus poser les pieds sur le territoire de la France métropolitaine »
Bonaparte abrogeait également en 1802 la première abolition du 4 février 1794 (16 pluviose an II). Elle ne fut jamais appliquée à la Martinique les colons préférant donner l’île aux Anglais. Il décréta l'abolition durant les cent jours (retour en France de l'empereur déchu entre le 01/03 et le 18/06/1815), trop tard, cela demeura lettre morte.
Qu’est-ce qu’un esclave ? Un meuble au sens juridique du terme et comme tel, il peut être vendu ou acheté. Article 44 du code noir (deux versions, celle de Louis XIV avec Colbert en 1685 rectifiée en 1724 sous Louis XV) « déclarons les esclaves être meubles » Ceci permet de retrouver des affiches de ce genre « ... il sera procédé à la vente de l’esclave Suzanne, négresse âgée de 40 ans, avec ses six enfants de 13, 11, 8, 7, 6, 3 ans… », signé : l’huissier du domaine (certaines ventes étaient faîtes au profit de la Nation ou du Roi selon l’époque), article 38 de notre roi très chrétien : « l’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois aura les oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lis sur l’épaule, s’il récidive, il aura le jarret coupé et sera marqué d’une fleur de lis sur l’autre épaule, et à la troisième fois, il sera puni de mort ».
Les négresses ? Le colon en prend soin, exemple on leur donne les quatre piquets comme aux hommes. Mais attention, avant de les fouetter, si elles sont enceintes, on creuse un trou dans la terre pour y loger leur ventre. Lorsqu’elles sont couchées face contre le sol pour recevoir 29 coups de fouets. « Enfin outre, les coups de fouets par lesquels on déchire les nègres, on les muselle pour les empêcher de sucer la canne à sucre, et l’instrument de fer avec lequel on leur comprime la bouche, empêche encore d’entendre leurs cris lorsqu’on les fouette. ». Le fouet accompagne l’esclave du matin au couchant rythme ses jours et sa vie. Le législateur en a réglementé l’usage, 29 coups consécutifs mais qui peuvent être répétés toutes les demi-heures.
Affaire Mahaudière-Drouillard (Guadeloupe) :
« M. Mahaudière-Douillard était la providence de son quartier. Que lui reprocha-t-on? Simplement d'avoir tenu pendant vingt deux mois au fond d'un cachot de 4 pieds de haut, une femme enchaînée, (il s'agissait d'une jeune mulâtresse enlevée à son mari et qui refusait de devenir la maîtresse de Douillard)… Les plus grand excès du maître, dans le code noir, se soldent avec un peu d’or, et Mahaudière eût-il été déclaré coupable, il n’était passible que d’une amende de 2.000 francs selon l’ordonnance réformatrice du 15 octobre 1786… ».
Montesquieu a écrit « …on ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir… Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes » (Esprits des lois – livre XV, ch.V , T. II, p 239, 240).
Et pourtant dans : « voyages et découvertes dans le nord et les parties centrales de l'Afrique » - par le major Denham, le capitaine Clapperton et le docteur Oudney en 1824, on peut lire « Jusqu'au dernier moment de ma vie je me les rappellerai avec affection. Oui, il y a dans le centre de l'Afrique plus d'un enfant de la simple nature qui se distingue par les principes et les sentiments dont s'honorerait le chrétien le plus civilisé... »
(Citations extraites de « Le combat de Schoelcher » de Raphaël Tardon éd. Fasquelle (1946).
Liens :
§ Domtom-genea : Liens sur l'esclavage et les Dom-Tom
§ Ordiecole : Autres liens sur l'esclavage
A noter qu'au Panthéon, Schoelcher repose certes aux côtés de son père (puisque Victor avait émis le souhait d'être inhumé dans la même sépulture que lui, ils ont donc été déplacés ensemble du Père Lachaise au Panthéon), mais surtout également aux côtés du Gouverneur Félix Eboué, le seul "homme de couleur" à avoir été panthéonisé, les Schoelcher et F. Eboué ayant fait leur entrée le même jour.
Rédigé par : Xavier M. | 02 août 2007 à 11:40
L'esclavage actuel :
http://www.arte.tv/fr/histoire-societe/histoire/Vies-d-esclave/1635818.html
On peut ajouter parmi les lieux de mémoire régionaux :La maison Schoelcher à Fessenheim (68) où le père Marc Sch. (°1766) de Victor Schoelcher (1804-1893) était né.
http://www.tourisme-rhin.com/maison_schoelcher__musee_de_la_hardt_a_fessenheim.html
Le Fort de Joux près de Pontarlier où fut interné Toussaint Louverture (1743-1803)né à St Domingue, esclave affranchi chef de la révolte en 1801. Des collections d'armes à voir...
http://chateaudejoux.com/
Aux environs de Luneville à d'Emberménil la maison de l'abbé H. Grégoire de l'institut de France(1750-1831)s'était battu pour les droits des noirs et des juifs.
http://noiresmemoires.rfo.fr/article23.html
Et enfin un cas particulier le bourg de Champagney près de Belfort qui présente dans son musée "La maison de la négritude". Le 19.3.1789 le capitaine de la garde du roi, membre de la société des amis des noirs, natif de ce lieu et de passage dans la paroisse s'adresse à ses concitoyens et leur montre un tableau de l'église où figure parmi les rois mages le noir Balthazar. Il évoque le sort des esclaves marqués au fer rouge, exténués de coups et de travail. Son intervention amène les 76 habitants à signer la demande de l'abolition,ajoutée dans leur cahier de doléances.
http://www.grioo.com/info2849.html
Rédigé par : France A. | 02 août 2007 à 20:43
Un autre site à découvrir, celui de Serge Bile http://www.parolesdesclavage.com
Bien @micalement
Guillaume
Rédigé par : Guillaume | 24 août 2007 à 22:50
Bonjour Guillaume,
tu as raison de le rappeler, il le mérite. Mais il avait été cité dans cette article :
http://geneablog.typepad.fr/geneablog/2007/07/de-madinina-l-1.html#more
Amicalement
France
Rédigé par : France A. | 24 août 2007 à 23:38
voir la note sur le blog de la Revue Française de Généalogie qui donne plusieurs liens sur ce sujet et en particulier pour les recherches des descendants vers le "Guide des sources de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions"
http://geneinfos.typepad.fr/geneinfos/2008/05/noires-mmoires.html
Rédigé par : France A. | 22 mai 2008 à 13:26