La saison estivale, à condition d'y avoir des vacances, est certainement l'une des périodes de l'année les plus propices pour faire progresser ses recherches - que ce soit en archives ou (joignant l'utile à l'agréable en espérant le beau temps de la partie) sur le terrain à la recherche des anciennes maisons, moulins éparses, croix de cimetières, ayant fait partie de la vie de nos ascendants.
La saison estivale est également la période phare de l'année en termes de retombées économiques liées à l'industrie du tourisme, et les monuments parisiens, le bleu azur de la Méditerranée, les châteaux de la Loire ou (entre autres) les localités périgourdines font de la France l'une des premières destinations mondiales.
Pourtant, un palmarès peut surprendre... En effet, au milieu du Top 10 des régions françaises les plus demandées en termes de documentation par les Australiens auprès du French Tourist Bureau de Sydney figurent les "Battlefields de la Somme".
Nombreux sont dans les faits les fils, nièces ou petits-enfants des soldats de l'ANZAC de l'Empire britannique (Australian and New Zealand Army Corps) à souhaiter se rendre en pélerinage sur les tombes de leur parent décédé sur les confins des Flandres. Parmi les milliers de soldats des dominions britanniques du Pacifique, 52 000 Australiens et Néo-Zélandais sont en effet décédés sur le front de l'ouest au cours de la Première Guerre Mondiale, et c'est ainsi que 90 ans après, Villers Bretonneux (Somme), qui fut une position stratégique pendant la Grande Guerre, est à 20 000 kilomètres de la France l'objet d'un intérêt tout particulier, et le paisible mémorial de 32 mètres de haut le point d'orgue de nombreux voyages effectués depuis l'Océanie.
L'ANZAC Day en avril 2008 verra d'ailleurs, à l'occasion du 90ème anniversaire des combats de la bataille d'Amiens et pour la première fois sur le site, la réalisation sur place d'une grande manifestation de commémoration, orchestrée par le gouvernement fédéral du Commonwealth d'Australie.
Ces visiteurs pourraient bien sûr également venir de Nouvelle-Zélande, ou du Canada (dont le gigantesque mémorial de Vimy, près d'Arras, inauguré en 1936 par Edward VIII, éphémère Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de ses autres territoires au-delà des mers, Empereur des Indes, a récemment été rénové et ré-inauguré, cette année, par la Reine du Canada, Elisabeth II, et le Premier ministre du gouvernement fédéral canadien, Stephen Harper), et bien sûr des Etats-Unis.
Les cimetières militaires de l'Empire britannique en France (comme par ailleurs en Belgique) ont en effet, tout comme ceux des soldats des Etats-Unis, fait l'objet par traité d'un don officiel et à perpétuité aux nations concernées. Le gouvernement français a ainsi, dès les années 1920, accordé gracieusement et pour toujours aux Etats de l'Empire britannique, au nom du peuple français et en reconnaissance des sacrifices des autres nations engagées dans le conflit, la libre et totale utilisation des parcelles de sol (français) sur lesquelles reposent les militaires des anciens territoires et dominions de l'Empire britannique, et des domaines sur lesquels ont été ou allaient être édifiés des monuments à la mémoire de leurs ressortissants morts au combat. Par ces accords, le gouvernement français, qui n'était aucunement habité par un esprit de marchandage ni de tractations financières et a consenti à ces cessions de sa propre itinitative et en toute liberté, n'a imposé aucune condition en contre-partie, et chaque Etat conserve ses mains libres dans la manière dont ils assurent l'entretien et la gestion des sites.
L'Etat français reste propriétaire de ces terrains qu'il a acquis et qui restent souverainement en France mais se retrouvent toutefois en dehors de la pleine juridiction française (à l'image des zones internationales aéroportuaires), et ces monuments et cimetières militaires étrangers jouissent à ce titre de privilèges particuliers ; ils sont de plein droit exempts de toutes taxes et impôts, de même que tous les matériaux importés du pays d'origine et acheminés vers ces terrains ne sont en aucun cas taxables par les douanes françaises. Comme dans le cas des ambassades et représentations diplomatiques en situation d'extraterritorialité, chaque Etat à qui le terrain a été cédé a le droit perpétuel d'y faire flotter ses drapeaux et emblèmes nationaux.
L'entretien des tombes est également assurés par des organismes gouvernementaux des pays en question, à l'instar de la Commonwealth War Commission ou de l'American Battle Monuments Commission, en charge des nécropoles américaines en France, dont Colleville-sur-Mer en Normandie ou Epinal, où repose mon arrière-cousin américain Richard D. Walliser, U.S. Army, décédé en action le 8 novembre 1944 à Blainville en Lorraine - à l'âge de 20 ans..
Commentaires