Connaissez-vous MAUGUE ? Je pense que tous ceux qui se sont penchés sur l'Histoire de notre Alsace ont dû un jour ou l'autre se référencer des écrits du célèbre naturaliste ! Ses écrits sont de véritables bijoux pour qui veut connaître les us et coutumes de nos ancêtres et sa description de « l'Histoire Naturelle de la Province d'Alsace » écrite en 1726, vaut à elle seule le détour.
MAUGUE serait né entre 1657 et 1666 - il prétendait qu'il avait été Médecin militaire pendant 25 ans et d'ailleurs, le 30 septembre 1725, l'intendant d'Alsace Monsieur de HARLAY, écrivait à Monsieur de BRETEUIL (BN Fonds français 2601, page 93bis) que « l'emploi d'inspecteur de la médecine, de la chirurgie, de la pharmacie et des sages-femmes en Alsace a été étably en 1699 par le ministre de la guerre en considération des longs et utiles services que le sieur MAUGUE a rendu dans les hôpitaux militaires »..
En 1732 et 1733 MAUGUE est encore en fonctions, car c'est, de cette époque, que datent ses observations relatives aux "rhumes épidémiques" transcrites à la page 174 de son "Histoire naturelle". Il a écrit son ouvrage dans le premier tiers du 18è siècle « pendant les trois années de loisir que des étés modérés ont laissé la province jouir d'une bonne santé et les médecins de beaucoup de repos ».
Il possédait des armoiries qui figurent dans son ex-libris dans les deux volumes du manuscrit et sur le frontispice du tome 1er de son ouvrage et qui sont :
« d'azur à un chevron abaissé d'argent et trois étoiles d'or en chef, soutenues d'une devise de même » (Armorial d'Alsace BN Manuscrits 32194 page 269)
Dans son livre 1er Chapitre I - Topographie de l'ALSACE ou description de la province, il parle de nos montagnes mais aussi de la plaine :
« Depuis le pied des montagnes... jusqu'au Rhin, on voit une magnifique plaine couverte de toutes sortes de grains, de tabac, de safranau (sic) de pavots, de gros choux en pleine campagne, de raves, d'arbres fruitiers, de paturages et enfin si fertile en toutes choses que ses habitants pourroient se passer de leurs voisins, trouvant chés eux si abondamment tout ce qui est nécessaire à la vie, qu'on peut luy appliquer à juste titre ce que Fabronius dit du pays de Hesse :
"Inde potis varios divinitus edere fructus
Hessia deque suo fructu servare colonos
Sat contenta suis vitae quorum indiget usus"
Non seulement l'Alsace a de quoy fournir abondamment tout ce qui est nécessaire à ceux qui l'habitent, elle a encore de quoy en répandre chés ses voisins et peut leur rendre le même service que la Sicile rendoit autrefois aux Romains. La Suisse en tire beaucoup de grains. Le Roy permet au canton de BASLE d'en sortir cent quatre vingts sacs par semaine, sans parler que les particuliers qui ont des terres en Alsace ont permission d'emporter leur récolte. La garnison de KEL (sic) quoyqu'allemande, peut aussy en tirer quatre cents quarante sacs par mois; ses vins, ses eaux de vie, son tabac, son safranau, ses graines d'oignon, le chanvre, les choux et les bois de charpente sont enlevés pour le Bas-Rhin et pour la Hollande, qui tire principalement beaucoup de bois pour la construction de ses vaisseaux.
La grande étendue de paturages nourrit un si grand nombre de bestiaux qu'on y compte jusqu'à 100.000 bêtes à corne et 50.000 chevaux...
Le païs qui est entre le Rhin, la Hart et la rivière d'Ill jusqu'à Strasbourg est fort étroit et d'une fertilité médiocre par le peu de terre végétable qui couvre le gravier. On n'y voit que des prairies, encore sont-elles mauvaises, à cause des fréquens débordemens du Rhin, elle ne produit en grain tout au plus que des seigles. La partie contenüe entre la rivière d'Ill et la montagne, depuis la ville de Sulz (SOULTZ) de Haute Alsace jusqu'à deux lieües au dessus de Haguenau ou jusqu'à Brumpt est très abondante en toutes sortes de grains, vins et fourrages. Ce qui est entre la ville de SULZ jusqu'à BELFORT, en suivant la montagne sur la largeur de trois lieües, l'est beaucoup moins, ce pays étant rempli de bois, et le peu de terres labourables qui s'y trouvent étant... sur le roc et difficiles à labourer, ce qui fait que les habitants s'appliquent plus particulièrement à la nourriture des bestiaux, le pays étant assés abondant en paturages. Le côté d'Alkirk, d'Elle, Morvillars, Basle et Mulhousen et intimement meilleur... »
à suivre...
Note publiée sur le blog Assifarnoldinfos Images : Ancarpost.org
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