Ce soir à la TV... Le documentaire a déjà été diffusé l'année dernière, mais passé inaperçu à l'époque.
Longtemps auréolée de gloire, l'image du GI délivrant l'Europe du nazisme est égratignée par l'ouverture des archives et la révélation de crimes restés longtemps tabous.
Durablement inscrite dans la mémoire collective, l'image idéalisée du GI envoyé sur le Vieux Continent par la plus grande des démocraties pour le libérer du nazisme a fait long feu. L'ouverture récente d'archives judiciaires permet de faire la lumière sur un sujet resté longtemps tabou. Entre 1944 et 1945, les soldats américains auraient commis 17.000 viols et crimes. Le criminologue Robert J. Lilly analyse les chiffres et interroge - en Normandie, dans la Meuse et en Bavière - les derniers témoins de crimes longtemps passés sous silence.
Avec un total de 68 condamnations sur une seule année, pour 125 ou 181 viols répertoriés selon les sources, on peut aisément en conclure que la justice militaire américaine faisait preuve, en France, d’une plus grande sévérité qu’au Royaume-Uni, face à un phénomène qui prenait de l’ampleur. Même s’ils étaient plus nombreux à violer qu’au Royaume-Uni, la sur-représentation des Noirs condamnés en France (plus de 80% des cas jugés concernaient des soldats de couleur alors qu’ils ne représentaient au total qu’un dixième des effectifs militaires américains), qui appartenaient presque tous à des unités d’intendance beaucoup moins encadrées qu’avant le débarquement, constitue une nouvelle preuve de la partialité de la justice militaire des États-Unis, un pays qui, comme le souligne Robert Lilly, « avait une longue tradition de brutalité, de pudibonderie et d’intolérance concernant les relations sexuelles entre homme noir et femme blanche ».
L’armée américaine, aura été prise de court, elle n’avait prévu ni les juges ni les bourreaux pour traiter des viols commis par ses soldats. Il y en aurait eu 2.040 en Angleterre, 3.620 en France et plus de 11.000 en Allemagne. Le viol est tant une arme de guerre qu’un dommage collatéral pour cette armée de libérateurs n’osant s’avouer d’occupation. Le documentaire d’Alain Moreau est accablant. Même si l’on sent que, pris dans un sujet trop vaste, il a voulu tout traiter, au risque de laisser des zones d’ombre. Mais l’éclairage apporté n’en est pas moins salutaire.
Réalisateur : Patrick Cabouat
Auteur : Alain Moreau - d'après l'ouvrage de Lilly J. Robert
Commentaires : Marie-Christine Barrault
Durée : 55 mn
Diffusion : Mardi 11 septembre 2007 - 23h30 - France3
Pour en savoir plus :
§ Lilly J. Robert : Ouvrage qui a servi de base à la réalisation du documentaire
§ La Banlieue s'exprime : Une analyse critique du livre et de son contenu
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