Lieu de mémoire et de souvenir par excellence, le cimetière est un lieu que nous cherchons à éviter inconsciemment. Ce site n'est pas un lieu de bonheur. Il est avant tout synonyme de souffrances, douleurs, disparitions, abandons, solitudes. Notre société refuse cette normalité de la nature humaine. La mort n'a plus sa place dans notre vie de tous les jours. L'allongement de la vie et de nos conditions de celle-ci, y sont très probablement pour beaucoup.
Le généalogiste n'échappe pas à la règle. En tant que "scientifique" il devrait être en mesure de faire abstraction de la souffrance véhiculée par ces jardins du souvenirs, pourtant travailler sur les cimetières n'est pas un réflexe naturel loin s'en faut.
A voir les demandes de recherches sur les lieux de sépultures on se demande comment une telle divergence peut exister. Nous avons tous le réflexe de localiser l'acte de décès introuvable de tel ancêtre et rarement nous avons l'idée de rechercher sa sépulture! Pourtant le cimetière est une source très riche d'enseignement, parfois plus que la succession éventuelle. Certes la sépulture ne présente d'intérêt qu'en connaissant parfaitement l'environnement familial, donc difficile à trouver.
La richesse des informations contenues sur une tombe va bien au-delà des registres puisqu'elle nous permet de reconstituer des groupes familiaux. Nous avons une photographie des alliances existants autour des défunts (oncle, tante, conjoint, enfant, amis, activité sociale ou professionnelle). Certes il nous faut analyser les informations brutes afin de les remettre en ordre et les rendre exploitables.
Les associations généalogiques géographiques sont scotchées aux relevés des registres paroissiaux. Elles pensent parfois aux notaires, recensements militaires ou de population, ces documents étant accessibles aisément dans les dépôts départementaux d'archives. Un seul cercle, à ma connaissance (Cercle Généalogique du Dauphiné), a appelé ses adhérents éloignés des archives départementales à travailler en profondeur sur les cimetières. Une négation aussi forte de cette source a quelque chose de troublant. Le cimetière ne viendra jamais au chercheur, c'est à ce dernier de se déplacer.
La réalisation d'un relevé de cimetière demande moins de compétences que le travail sur les registres donc accessible à tous. Dans les communes plus importantes il doit être possible de travailler à plusieurs afin de ne pas se sentir trop isolé en faisant appel aux groupes de discussions sur Internet ou en lançant des appels dans les associations.
L'inventaire des cimetières est un devoir de sauvegarde de notre patrimoine. Il s'agit de conserver la mémoire de ceux qui nous ont précédés. Lequel d'entre-nous n'a jamais constaté l'abandon d'une tombe? Lequel d'entre-nous n'a jamais pesté après cette information arrivée trop tard, la tombe ayant été reprise par la mairie peu de temps auparavant?
Combien de communes ont oubliées la présence de tombes remarquables ou de personnalités ayant marquées l'histoire locale ou nationale ? N'oublions que celui qui méconnaît son passé ne peut construire son avenir.
Afin de pérenniser les informations généalogiques présentes dans les cimetières FranceGenWeb a lancé la semaine généalogique des cimetières http://www.francegenweb.org/blog/?2007/10/26/325-la-semaine-genealogique-des-cimetieres
Rédigé par : Guillaume | 29 octobre 2007 à 19:35