Ouvert en 1607, le temple Saint-Martin est le plus ancien édifice de France construit pour le culte protestant Luthérien.
C'est une étonnante contrée, où les villages peuvent avoir un temple, mais pas d'église. Un petit pays - ne dit-on pas « Pays de Montbéliard » ? - où le protestantisme luthérien imprima longtemps sa marque. La plus illustre, pour ce qui touche aux pierres, est encore posée en plein centre de Montbéliard : le temple Saint-Martin, qui fête cette année ses 400 ans, est le plus ancien édifice encore existant en France à avoir été construit pour le culte luthérien.
C'est Frédéric Ier, prince de Wurtemberg, qui offrit à la fin du XVIe siècle cet édifice à la cité. Appliquant au pays de Montbéliard le principe « Cujus regio, ejus religio » (« Telle région, telle religion »), il avait imposé le luthéranisme à la population locale, de langue française et plutôt calviniste. Oeuvre de l'architecte Heinrich Schickhardt, le bâtiment devait manifester le pouvoir du prince et la prospérité retrouvée de la ville sous la conduite de cet hiérarque autoritaire, mais inventif et entreprenant.
Le bâtiment en pierre, de style Renaissance, est parfaitement conservé. De forme rectangulaire, il reproduit le plan basilical romain. On sait d'ailleurs que l'architecte Schickhardt alla puiser son inspiration en Italie au cours de deux voyages. « Ce bâtiment de style antiquisant italianisant illustre le retour de la renaissance aux sources antiques, souligne André Bouvard, vice-président de la Société d'émulation, association d'histoire montbéliardaise. Ce style convenait bien aux protestants, soucieux de retrouver les sources du christianisme primitif. »
La Réforme a laissé sa trace dans l'architecture extérieure et intérieure. Pas de choeur, ce qui signifiait pas d'espace réservé au clergé ; un espace rectangulaire unique, sans colonnes ni absides, pour rassembler une seule communauté ; un bâtiment percé de nombreuses fenêtres sans vitraux, donnant sur une salle très lumineuse. « La lumière signe la destination d'un lieu consacré à la Parole. Chaque fidèle doit pouvoir lire la Bible ou le Psautier, souligne le pasteur Gérald Machabert. La volonté d'enlever au rituel tout ce qui peut le faire apparaître comme magique se traduit dans l'architecture : rien ne se passe dans l'ombre ou la pénombre. » Si l'intérieur était autrefois décoré, le temple est aujourd'hui d'une austérité calviniste typique du XIXe siècle. Aucun symbole, aucune statue, aucune peinture : seule la chaire, l'autel et une croix marquent l'espace épuré.
Le temple Saint-Martin, classé monument historique en 1963, fait la fierté des Montbéliardais. Il a longtemps été au coeur de la vie sociale. « Certains l'appelle la cathédrale des luthériens ». L'extérieur, très sobre, ne comporte aucune décoration, ni symbole. Pas même une croix sur le clocher. En face, l'hôtel de ville porte paradoxalement davantage de « signes ostensibles » de luthéranisme : le blason du pays de Montbéliard surmonté de la devise locale - luthérienne - « Dieu seul est mon appuy », et une devise républicaine inversée « Liberté-Fraternité-égalité »...
Pour en savoir plus :
§ La Croix : Lire l'article complet du Journal
§ Temple St-Martin : Site officiel de l'association
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