Les Presses universitaires de France publient des fac-similés d'ouvrages rares, dénichés parmi les trésors de la Fondation Martin-Bodmer, et de la collection de Jean Bonna.
En 1951, le richissime Martin Bodmer, héritier d'une famille de soyeux zurichois, fait construire deux bâtiments sur les hauteurs de Cologny, banlieue chic et paisible de Genève, pour abriter sa bibliothèque personnelle. Une bibliothèque dont la vocation est de réunir tous les textes importants parus depuis l'invention de l'écriture...
On y trouve la Bible imprimée par Gutenberg en 1454, l'évangile selon saint Jean (un papyrus grec de 200), l'évangile de Judas (un papyrus copte du IIIe siècle), des manuscrits de L'Iliade, de l'Enéide, mais aussi des partitions de Mozart, Bach et Wagner, ou le rouleau de douze mètres de long sur lequel Sade écrivit Les 120 journées de Sodome, couvert de pattes de mouches nerveuses... 160.000 pièces au total, dont 20.000 à 30.000 majeures.
Une collection bâtie sur cinq piliers : la Bible, Homère, Dante, Shakespeare et Goethe. De cette incroyable bibliothèque et de celle - certes plus modeste - du bibliophile Jean Bonna, les Presses universitaires de France tirent une collection de fac-similés judicieusement intitulée « Sources ».
À la mort de Martin Bodmer, en 1971, fut créée une fondation destinée à poursuivre son oeuvre, à acquérir de nouveaux titres en revendant, au besoin, certaines pièces de la collection. La pièce la plus ancienne de la collection, un sceau de Gilgamesh en écriture cunéiforme, date de 2350 avant J.-C.
Face à de tels objets, certaines oeuvres en piètre état font apparemment pâle figure, comme ce modeste exemplaire de Madame Bovary datant de 1857. Mais Bodmer souhaitait saisir chaque texte dans l'état où il est apparu la première fois, et au moment où il a fait date - donc pas forcément dans son édition la plus luxueuse.
Dans la pénombre ambiante, les livres ont l'air de scintiller...
Transformée en musée et ouverte au public (du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h), sa bibliothèque propose désormais une exposition renouvelée tous les deux ans. Délicatement éclairés, posés sur des piédestaux translucides, les livres semblent voler dans les vitrines. Équipées de détecteurs de présence, ces dernières s'allument et s'éteignent quand le visiteur approche ou s'éloigne. Dans la pénombre ambiante, les livres ont l'air de scintiller... La visite est magique.
à quelques kilomètres de là, dans un quartier cossu et discret du vieux Genève, une maison abrite une collection tout aussi étonnante. Malheureusement pas accessible au public (mais le propriétaire y réfléchit), elle regroupe 4.000 volumes, acquis au fil de trente années de balades littéraires du bibliophile Jean Bonna.
Comme un enfant ferait admirer une collection de billes ou de coquillages, il parade devant sa bibliothèque. Il faut le voir fureter dans ses rayonnages, grimper en haut d'une échelle, redescendre avec un trésor dans les mains, prêt à vous en conter l'histoire. Simplement classée par siècle, sa collection s'étale dans toute la maison : le XVIIe dans son bureau, le XVIIIe au deuxième étage, les incunables dans les placards du salon...
« Le goût du papier, la passion et l'adrénaline de la quête »
Bibliophile dès l'âge de 11 ans, Jean Bonna passe ses après-midi chez un libraire dénommé Henri Sack. À 17 ans, il s'offre son premier livre ancien : « Un petit Rabelais publié chez Dosoer en 1803, dont le troisième volume, étoffé d'un glossaire de mots grivois, m'avait appâté », se souvient-il. Il y consacre un mois d'argent de poche - 23 francs suisses.
Depuis, mû par « le goût du papier, la passion et l'adrénaline de la quête », il a accumulé « tous les auteurs passés à la postérité, de Jean d'Arras à Albert Camus », mais aussi des livres de voyage, des ouvrages de botanique ou de médecine. Incapable de dire quel titre il sauverait s'il devait n'en garder qu'un, il avoue un petit faible pour le Roman de Mélusine ainsi que pour ses Villon incunables.
Attiré par les belles reliures, Jean Bonna se laisse aussi séduire par les dédicaces, les envois. Il possède notamment le premier exemplaire des Fleurs du Mal, dédicacé par Baudelaire au seul journaliste qui en avait dit du bien à l'époque. Entre la couverture et la première page, deux feuillets sont précieusement conservés : une lettre demandant au journaliste de bien vouloir lire ses poèmes, et une autre le remerciant de sa peine...
« C'est une écriture que je connais aussi bien que celle de mes enfants », sourit le passionné. Autre trésor, ces quelques mots d'amour envoyés à Marie Laurencin par Apollinaire avec un exemplaire d'Alcools. Des confessions discrètes et intimes qui donnent tout son charme à cette collection.
Pour en savoir plus :
§ La Croix : Article de presse
il manque une 20aine de caractères pour finir l'article ... Un problème de taille d'article publiable ?
Rédigé par : Guillaume | 09 décembre 2007 à 10:47
Merci mon bon Guillaume de surveiller le fonctionnement du blog. C'est réparé maintenant, simplement un iota de distraction rédactionnel...
Amitiés.
Serge.
Rédigé par : Serbus | 11 décembre 2007 à 02:21