Il y a un livre des plus séduisants pour qui s’intéresse à l’histoire de l’Alsace, province charnière entre L’Allemagne et la France. « Les mémoires de voyage du Sieur de L’Hermine » M. Magdelaine ed. Privat.
Cela se situe après la guerre de trente ans (1618-1648) et le rattachement de L’Alsace à la France qui avait fait partie durant huit siècles du Saint Empire romain germanique.
Lazare de la Salle (Sieur de L’Hermine) était un jeune Parisien et occupait une charge de receveur général à Altkirch dans le Sundgau, Sud du Haut-Rhin (1674-1676 et 1681). Il avait l’esprit vif et ouvert. Ces notes décrivent ce qu’il voit au cours de ses déplacements en Alsace. Il ne vise pas à faire une œuvre ethno-historique mais campe avec réalisme et beaucoup de précision ce qui l’entoure.
Parmi les sujets évoqués, il parle de la langue allemande.
« Parlons maintenant de la langue et de l’origine de la nation allemande. Les Allemands font sonner bien haut que leur langue est mère, qu’elle n’a rien emprunté des autres idiomes et qu’elle s’est formée chez eux-mêmes. Un certain Irenicus prétend qu’elle a été composée par le prince Trebeta, fils de Sémiramis, qui fut le premier fut le premier roi des Sarmates et fondateur de la ville de Trèves….
Quoique notre langue soit bien différente de la dialectique allemande, on trouve cependant un poète du temps de Charlemagne qui nous donne celle-ci pour française. Voici comment il commence son poème :
Ich will doch singen auff fransischa Zungen
Je chanterai cependant en française langue, etc.…
Cela paraît difficile à croire d’abord, mais quand on fait réflexion que les historiens font sortir du pays de Franconie (Allemagne) nos premiers Français, qui sans doute parlaient allemand, on pourra plus facilement se persuader que la langue de ces gens-là pouvait pour lors s’appeler française, puisque ce sont eux qui ont apporté le nom de Français ou de Francs dans les Gaules, où la langue du pays étant déjà toute mêlée avec la latine, que les Romains y avaient introduite durant près de 500 ans qu’ils en ont été les maîtres, il a fallu que la langue allemande de ces nouveaux Francs se soit incorporée avec celle des Gaulois, avec lesquels aussi par succession de temps, ils ne firent plus qu'une nation parlant le même langage, qui est le vieux français de nos pères. C’est en effet un composé de latin, gaulois et d’allemand, ainsi qu’on le peut prouver par les étymologies de notre langue…. »
Liens :
§ Wikipedia : Définition de la Franconie
§ Lexilogos : Francique et franconien
§ Wikipedia : Langue francique
Illustration : Albrecht Altdorfer
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