Mardi dernier, une délégation alsacienne s'est rendue au camp de Tambov en Russie, pour honorer la mémoire des Alsaciens-Mosellans, engagés contre leur gré dans l'armée allemande, disparus dans ce camp.
Moment de souvenirs, ce déplacement était aussi l'occasion de remercier les autorités russes qui ont mis à disposition de l'Alsace une grande partie de Archives de Tambov. Projet, commun au Conseil Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et à la Région, et qui vise à recenser les victimes alsaciennes du conflit en mettant en place une base de donnée nominative.
Philippe Richert, vice-président du Sénat et président du conseil général du Bas-Rhin a lu mardi, à Tambov-Rada, devant le monument à la mémoire des incorporés de force internés dans le camp 188, un message solennel du président de la République, Nicolas Sarkozy :
«Ces fils de France sont morts parce qu'ils portaient un uniforme qu'ils n'avaient pas choisi, incorporés contre leurs gré dans une armée qui n'était pas la leur. Victimes de l'histoire, ils font pleinement partie de la communauté nationale et c'est à ce titre que je m'incline aujourd'hui en leur mémoire».
Rappelons qui sont les malgré-nous :
Le 25 août 1942, en Alsace-Lorraine annexée, sous la volonté du gauleiter Robert Heinrich Wagner, fut crée le service militaire obligatoire. Les jeunes alsaciens et mosellans ont été enrôlés de force dans l'armée allemande. La plupart furent affectés dans la Wehrmacht, certains se retrouvèrent dans la Waffen-SS. On les a appelé les "Malgré-nous". Au final, 130.000 Alsaciens et 30.000 Mosellans se retrouvèrent principalement sur le front de l'Est, à combattre l'armée soviétique. Nombre d'entre eux furent faits prisonniers par l'armée soviétique durant la débâcle allemande, envoyés dans des camps de détention soviétiques.
A cette époque, les Russes ne faisaient pas de différence entre les soldats français intégrés volontairement (les LVF) et les "Malgré-nous". Les soldats étaient internés dans des camps dont le plus connu est celui de Tambov, dit camp des Français, qui regroupa une grande partie des prisonniers d'Alsace et Moselle, soit environ 18.000 hommes dont six à huit mille y laissèrent la vie. Les prisonniers y rencontrèrent des conditions d'hygiène et de vie déplorables, auxquelles il fallait ajouter le froid glacial des hivers russes et des rations alimentaires proches du néant. Les derniers Malgré-nous ne furent officiellement libérés qu'en 1955.
Liens :
§ France 3 : Vidéo reportage sur la cérémonie à Tambov
§ J.P. Apprill : Témoignage d'un Malgré-Nous
§ Mady Fehlmann : Ouvrage sur les Malgré-Nous
§ Malgre-nous : Site des Malgré-Nous
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