La montre de Marie-Antoinette, l'une des plus compliquées jamais sorties de l'atelier d'un horloger, a été entièrement refaite par son concepteur, Breguet, qui l'a présentée vendredi au salon de l'horlogerie de Bâle après trois années et demi de travail à l'aveugle.
L'épouse de Louis XVI, guillotinée en 1793, n'a jamais vu la montre qui porte son nom: elle fut commandée pour elle par un mystérieux officier de sa garde six ans avant la Révolution. A l'époque, l'horloger neuchâtelois Abraham-Louis Breguet, installé à Paris depuis 1775, avait reçu pour mission de fabriquer la montre "la plus spectaculaire", avec les derniers perfectionnements de l'époque, sans aucune limite de prix ni de délai de livraison.
Le Suisse prit tellement son temps que l'objet était encore loin d'être fini quand éclata la Révolution: fidèles à la défunte souveraine, Breguet puis ses successeurs l'achevèrent en 1827, 44 ans après la commande... Deux siècles plus tard, le groupe suisse Swatch, premier horloger mondial et propriétaire de Breguet depuis 1999, a dévoilé vendredi une réplique du précieux "garde-temps", une large montre gousset en or 18 carats sertie de 63 pierres précieuses, avec un verre en cristal de roche qui laisse voir toute la complexité du mécanisme.
"Il y a trois ans que nous avons décidé de faire cette montre nous-mêmes. Cela a été un sacré défi", a lancé le patron de Swatch, Nicolas Hayek, en présentant le résultat au Salon mondial de l'horlogerie Baselworld. L'original ayant été volé en 1983 dans un musée de Jérusalem où il était exposé, les ingénieurs de Breguet, une société redevenue entièrement suisse depuis 1976, ont en effet été incapables de consulter le modèle pour refaire la fameuse "montre 160", le nom de code de l'objet.
Il leur a donc fallu se plonger dans les archives du temps, conservées pour beaucoup au Musée Breguet à Paris. Swatch doit maintenant décider que faire du chef d'oeuvre: Nicolas Hayek affirme qu'il décidera avant la fin du salon, le 10 avril, s'il le garde ou s'il le vend. Dans ce dernier cas, l'horloger prévoit d'en produire un à deux exemplaires par an, à un prix qui rester à déterminer.
Quant à la montre originale, elle a subi de rocambolesques aventures depuis sa disparition et a retrouvé à la fin de l'an dernier son musée israélien, qui a payé une somme indéterminée pour la récupérer mais se refuse depuis à l'exposer. Nicolas Hayek raconte qu'il avait reçu peu de temps auparavant un coup de téléphone anonyme d'une personne offrant de lui revendre l'objet. Le correspondant disait l'avoir lui-même payé 165.000 dollars (105.000 euros) et exigeait une offre d'un montant supérieur, selon M. Hayek.
La montre légendaire est présentée dans un écrin en bois provenant de l'arbre préféré de Marie-Antoinette, abattu dans le parc du château de Versailles. M. Hayek avait offert d'acheter l'arbre, mais le bois lui a finalement été fourni gracieusement par l'Etat français. En échange, Swatch a financé la restauration du Petit Trianon, le palais favori de la reine, pour 5 millions d'euros.
Sources :
7sur7 : Article de presse
Cyberpresse : Article de presse
Information fournie par Guillaume Roelly
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