En cette période où l'on se penche sur mai 1968, ses faits et ses effets, nous avons choisi de publier en chapitres le récit d'un voyage de notre ami et associé Benoît Fichet.
Il avait 14 ans en 68 et avait humé l'air de la liberté. Arrivé à l'âge étudiant, il en a profité pour prendre le grand large, histoire de vérifier qu'après les pavés on pouvait trouver le sable du désert, les forêts équatoriales et des ailleurs passionnants. (France Apprill)
Les targuis
Je ne sais pas ce que va devenir Tam d’ici quatre ou cinq ans et ce que vont devenir les Targuis : seront-ils sédentarisés ? (Jusqu’à présent les Autorités algériennes n’ont pas réussi à le faire, malgré toutes les pressions exercées) D’autres pays n’ont pas eu la patience des Algériens pour essayer d'intégrer les Targuis : Beaucoup de Targuis se sont donc réfugiés à Tamanrasset.
Je serai étonné qu’ils se sédentarisent à Tam car il y a des idées de vengeance dans l’esprit des Targuis maliens. Toute cette tragédie a été mise sur le dos de la sécheresse par le Mali. La faute humaine a fait plus de ravage que la sécheresse elle-même.
Aux alentours de Tam, les Algériens veulent forer de nouveaux puits de pétrole. Ca coûte cher d’industrialiser sans abîmer le paysage. C’est très facile de prendre le désert pour une poubelle, j’en sais quelque chose.
A Tam, j’ai rencontré un Algérien qui avait travaillé avec une
entreprise française de forage près d’Hassi-Messaoud. “ C’était bien,
il y avait du bon boulot de fait, ça fonçait, ça marchait, et depuis
que l’Etat a nationalisé, le travail s’est nettement dégradé, et le
boulot est moins intéressant ” Ce qui l’affectait le plus : “avant” il
gagnait 5000 dinars et “après ” il n’en gagnait plus que 2000.
Avec lui, nous avons visité le marché de Tam en m’expliquant tous les
produits. Au resto nigérien, j’ai acheté une guerba : c’est une peau de
chèvre cousue pour former une outre et qu’on remplit d’eau. La première
tentative permet de repérer toutes les fuites. Sur la place du marché
se trouve un cordonnier qui répare cela. Comme fil, il découpe une fine
lanière de peau et fait sa couture. L’étanchéité étant assurée, j’ai pu
constater que l’eau se conservait et se rafraîchissait très bien dans
la guerba, même au soleil.
A Tam, il fait ‘froid’ : 15° à 20° maximum, alors je m’enrhume ! Je
suis à la recherche de voitures, de camions en partance pour le Niger.
Après une semaine, je vois au camping de Tamanrasset deux camions dont
un est bâché. Ils sont verts. Ce sont trois étudiants allemands en
médecine qui descendent au Nigeria, vendre les camions, et qui
remontent en avion en Allemagne. Ca leur paye les études de médecine.
En parlant anglo-français, on se met d’accord sur 3 DM par jour pour le
transport et la nourriture.
En effet, le voyage s’annonce difficile et
long. Les chauffeurs, sachant très bien qu’il y a des gens à pied comme
moi, prévoient toujours plus de rations et d’eau. A part les trois
Allemands, nous sommes trois Français. Les deux autres qui
m’accompagnent vont au Sénégal.
(Au camping, j’ai également revu la 2 CV au châssis plié à l’avant ; ils ont décidé de remonter en France ! )
Bonsoir Mr Fichet,
Un peu de dépaysement cela fait du bien ; ici en Alsace, le temps est instable...
Malheureusement l'Algérie n'est plus un pays de droit, c'est la décadence, ce n'est plus le pays que vous avez pu respirer et apprécier...un si beau pays dans lequel mon père avait vécu une liberté de mouvement et d'expression !
Depuis l'âge de 13ans, je n'y suis plus retournée..mais je me rappelle néanmoins des bonnes figues de barbarie, il fallait savoir les décortiquer les vilaines, elles piquaient, comme moi parfois !!
Au prochain épisode,
Bien à vous,
Rédigé par : Meriam R | 25 août 2008 à 21:56