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Sur divers forums est évoqué le cas des Alsaciens -Lorrains après la défaîte française, lors de la guerre de 1870.
Ceux qui ont refusé de rester dans les territoires annexés et sont partis, ont été dénommés les "optants". Désireux de demeurer Français ils ont opté pour la France.
Le texte de M. Barrès (1909) ci-dessous décrit ce moment à Metz.
– Regardez cette route, en bas, disait-elle, la route de Metz à Nancy. Nous y avons vu, ton
grand-père et moi, des choses à peine croyables.
C’était à la fin de septembre 1872, et l’on savait que ceux qui ne seraient pas partis le 1er octobre deviendraient Allemands. Tous auraient bien voulu s’en aller, mais quitter son pays, sa maison, ses champs, son commerce, c’est triste, et beaucoup ne le pouvaient pas. Ton père disait qu’il fallait demeurer et qu’on serait bientôt délivré. C’était le conseil que donnait Monseigneur Dupont des Loges. Et puis la famille de V… nous suppliait de rester, à cause du château et des terres.
Quand arriva le dernier jour, une foule de personnes se décidèrent tout à coup. Une vraie contagion, une folie. Dans les gares, pour prendre un billet, il fallait faire la queue des heures entières. Je connais des commerçants qui ont laissé leurs boutiques à de simples jeunes filles.
Croiriez-vous qu’à l’hospice de Gorze, des octogénaires abandonnaient leurs lits ! Mais les plus résolus étaient les jeunes gens, même les garçons de quinze ans. « Gardez vos champs, disaient-ils au père et à la mère ; nous serons manœuvres en France. » C’était terrible pour le pays, quand ils partaient à travers les prés, par centaines et centaines. Et l’on prévoyait bien ce qui est arrivé, que les femmes, les années suivantes, devraient tenir la charrue.
Nous sommes montés, avec ton grand père, de Gorze jusqu’ici, et nous regardions tous ces gens qui s’en allaient vers l’Ouest. A perte de vue, les voitures de déménagement se touchaient, les hommes conduisant à la main leurs chevaux, et les femmes assises avec les enfants au milieu du mobilier. Des malheureux poussaient leur avoir dans des brouettes.
De Metz à la frontière, il y avait un encombrement, comme à Paris dans les rues. Vous n’auriez pas entendu une chanson, tout le monde était trop triste, mais, par intervalles, des voix nous arrivaient qui criaient : « Vive la France ! » Les gendarmes, ni personne des Allemands n’osaient rien dire ; ils regardaient avec stupeur toute la Lorraine s’en aller.
Au soir, le défilé s’arrêtait ; on dételait les chevaux ; on veillait jusqu’au matin dans les voitures auprès des villages, à Dornot, à Corny, à Novéant. Nous sommes descendus, comme tout le monde, pour offrir nos services à ces pauvres camps volants. On leur demandait : « Où allez-vous ? » Beaucoup ne savaient que répondre : « En France… » Et quand ton grand-père leur disait : « Comment vivrez-vous ? »Ils répétaient obstinément : « Nous ne voulons pas mourir Prussiens. »
Nous avons pleuré de les voir ainsi dans la nuit. C’était une pitié tous ces matelas, ce linge, ces meubles entassés pêle-mêle et déjà tout gâchés. Il paraît qu’en arrivant à Nancy, ils s’asseyaient autour des fontaines, tandis qu’on leur construisait en hâte des baraquements sur les places. Mais leur nombre grossissait si fort qu’on craignit des rixes avec les Allemands, qui occupaient encore Nancy, et l’on dirigea d’office sur Vesoul plusieurs trains de jeunes gens… Maintenant, pour comprendre ce qu’il est parti de monde, sachez qu’à Metz, où nous étions cinquante mille, nous ne nous sommes plus trouvés que trente mille après le premier octobre…" (C. Baudoche, histoire d'une jeune fille de Metz- M Barrès)
illustrations: Ancarpost
L'historique et des liens: Geneafrance: les optants
Mémodoc: Les optants d'Alsace-Lorraine à l'étranger
Bonjour,
Merci pour ce beau témoignage sur le sort des Alsaciens après la défaite française de 1870. Pour avoir également des origines alsaciennes, j'ai beaucoup entendu parler chez mes proches parents de cette "Retirada alsacienne". Comme beaucoup d'autres Alsaciens, mes ancêtres et collatéraux ont trouvé quatre terres d'asile : Paris, Nancy, l'Algérie française et les Etats-Unis. Mais, il faut peut-être aussi mentionner ceux qui ne sont pas partis soit parce qu'ils ne le pouvaient pas ou parce que la nationalité allemande leur convenait tout à fait... En ce sens, l'annexion de l'Alsace a été à l'origine de brouilles et de l'éclatement de beaucoup de familles.
Cordialement,
Mathusalem - http://mathusalem.canalblog.com
Rédigé par : Mathusalem | 13 mai 2009 à 18:22
A quand un film ou un grand livre sur "l'exode" des Alsaciens et Lorrains, acheminés de force sur l'Algérie parce qu'en France beaucoup étaient indésirables.Il faudrait parler de ces convois où étaient entassés des familles entières ayant tout abandonné au Pays natal!Des péniches allant de Paris à Marseille...De la dispersion sur les territoires d'Algérie...OTTAN Jean Pierre
Rédigé par : OTTAN Jean Pierre | 14 décembre 2010 à 11:54
Monsieur OTTAN Jean Pierre,
votre témoignage personnel est interessant, pourriez vous être plus précis et donner des exemples et des preuves de cet acheminement de force? Le texte du traité de Francfort dit que les Alsaciens qui voulaient rester Français devaient quitter l'Alsace. Les départs étaient volontaires mais vous avez peut-être des preuves nouvelles!
Rédigé par : Francis Bijon | 15 décembre 2010 à 22:23
Bonjour,
à J-P Ottan
je suis intriguée par votre commentaire. J'ai consulté aujourd'hui les ouvrages de Dollinger,Sittler, Vogel et le numéro 45 des "Saisons d''Alsace" consacré à la guerre de 1870 en Alsace et à ses conséquences, je n'ai rien trouvé pour appuyer vos propos. Les sites internet consacrés à cette émigration n'en parlent pas davantage. (ou pas trouvé)
Pouvez-vous étayer vos remarques.
Bien cordialement
Rédigé par : France A. | 16 décembre 2010 à 02:43
Bonjour pour avoir des anciens partis d'alsace, il faut aussi mentionné il me semble que pas mal d'alsaciens qui sont partis à l'époque pour l'option à la nationalité française sont devenus nomades... dans mon arbre j'en ai qui sont devenu vanniers ambulants sur 3 générations et ensuite forains pour la 4ème génération... et petit à petit ça s'est recasé deci delà.
Rédigé par : Caroline J | 21 février 2011 à 19:10