« Compagnons, mes amis, mes frères, élevons nos cœurs dans une commune pensée pour glorifier le Travail, la première et la plus haute vertu du compagnonnage. » .
Ainsi commence cette prière au travail composée par J. Chabert dit Bressan l’Estimable.
Le compagnon a dans le sang l’amour du travail, amour quasi sacré, vertu, devoir d’un métier qui lui apporte la satisfaction du bel ouvrage autant que son pain quotidien. Bien accomplir son travail est une question d’honneur pour le compagnon. Autant vis-à-vis de lui-même que de la société qu’il représente.
Et dans ce sens, le Tour de France est la plus belle école, celle où l’ouvrier apprend autant la pratique que la théorie. L’aspirant y rencontre différents patrons, des manières de travailler et des outils différents suivant les régions. Tout cela le mènera à un savoir-faire unique et reconnu.
Sur le Tour, l’affilié qui le souhaite et qui en a la volonté apprendra l’art du trait, surtout s’il se destine à être tailleur de pierre ou charpentier ou menuisier, mais aussi pour d’autres métiers. Il acquerra ainsi des notions d’architecture, de géométrie et d’art qui lui permettront de passer maître dans son art, de concevoir un projet du début à la fin, et non plus de réaliser ce qu’un autre a conçu. Pour cela, il devra sacrifier ses loisirs, travailler, prendre des leçons chez un compagnon. Mais quelle satisfaction quand, comme Eugène Milon dit Guépin le Soutien de Salomon, on peut devenir le chef de chantier de la Tour Eiffel !
Un des aboutissements de ce perfectionnement est le défi. C’est en même temps un défi à soi-même, un défi aux maîtres et un défi aux autres sociétés compagnonniques. Le fer de gageure des maréchaux en est la plus ancienne représentation, attestée en 1609. Cette tradition sera plusieurs fois abolie, étant source de querelles et de bagarres. Plus serein étaient les concours entre sociétés. Chacun des concurrents est enfermé pendant un temps imparti et doit réaliser une œuvre. Un jury départage les compagnons, mais il faut reconnaître que bien souvent il a du mal à trancher.
Parfois l’enjeu du défi n’est rien moins que la présence de la société dans une ville pour une période convenue d’avance. Ainsi en 1803, les gavots affrontent les Devoirants ; l’enjeu est la ville de Montpellier pour une période de 100 ans. Le travail imposé est une chaire à prêcher. En 1805 les Devoirants sont proclamés gagnants grâce à une chaire, avec un double escalier, assemblée sans colle, ni cheville.
Si vous passez par Tours, ne manquez pas la visite du musée du Compagnonnage. Né en 1968 d’un accord entre la municipalité et les trois mouvements compagnonniques français, le musée est aussi un lieu de mémoire où l’on peut découvrir outils, chefs-d’œuvre, bannières, gravures et tableaux venus de toute la France.
Si vous passez par Internet, vous pouvez également visiter le site de Jean-Michel Mathonière, une référence en la matière. Pour vos recherches sur les compagnons, le site de Nathalie Hames vous offre une base de données « compagnons » très riche.
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