En des temps reculés (?), nos ancêtres pouvaient affubler leur progénitures des prénoms les plus hétéroclites. Suivant que l’on était chrétien, juif ou musulman, on avait à sa disposition une mine de prénoms, conventionnels, qui figuraient dans l’histoire, la bible ou le calendrier.
Ainsi chacun a sûrement retrouvé dans sa généalogie des Aldegonde, Chilpéric, Isbergue, Alcide ou Austreberte côtoyant les David, Pierre, Simon, Jean, sans parler bien sûr de Joseph et Marie.
Plus près de nous (enfin, pas si près, mais tout de même), une révolution comme seuls les français savent en faire nous a offert une nouvelle liste de prénoms inattendus dans un calendrier pour le moins révolutionnaire :
- Bonjour, je suis Betterave DUPONT.
- Enchanté, je m’appelle Pistache DURANT
Heureusement que ça n’a pas duré !
Une loi du 11 germinal an XI – encore un drôle de nom pour un mois - est venue mettre de l’ordre dans tout ça. Beaucoup d’ordre :
"... les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus dans l'histoire ancienne pourront seuls être reçus, comme prénoms, sur les registres de l'état civil destinés à constater la naissance des enfants; et il est interdit aux officiers publics d'en admettre aucun autre dans leurs actes."
Cela ne nous a pas empêché de trouver des Opportune, Chrisostome, Restitue, Publici ou Pacifique (je suis sûr que vous en avez tous dans vos archives).
Il faudra attendre le XXe siècle pour trouver les prénoms composés – Jean-Louis au hasard -, les prénoms régionaux ou mythologiques. Ce n’est que depuis 1993 que le choix du prénom est libre, avec tout de même une réserve :
Tout prénom inscrit dans l'acte de naissance peut être choisi comme prénom usuel. Lorsque ces prénoms ou l'un d'eux, seul ou associé aux autres prénoms ou au nom, lui paraissent contraires à l'intérêt de l'enfant ou au droit des tiers à voir protéger leur patronyme, l'officier de l'état civil en avise sans délai le procureur de la République. Celui-ci peut saisir le juge aux affaires familiales.
Quelques autres domaines nous offrent les péripéties du problème des noms de baptême ; en voici quelques uns :
Météorologie :
Avant 1950, les noms des cyclones étaient formés de l’année suivi d’une lettre (1942A, 1948P,…). Ensuite les spécialistes leur ont donné un prénom pour éviter la confusion.
Astronomie :
On donne aux étoiles des noms d’origine grecque ou arabe. Mais elles ont aussi un petit « surnom », dénommé « référence Hipparcos » (HP62223 par exemple). Pas très intime, non ?
Génétique :
Alors là, c’est le … On en est encore à l’époque révolutionnaire ;-) C’est le scientifique découvreur du gène qui lui donne un nom ; celui qu’il veut suivant son imagination ou son humeur : « schtroumf », crétin borgne », « hérisson sonique » ou « saucisse faiblarde ». Vous lisez bien et nous ne sommes pas le 1er avril. Vous voyez le docteur vous annoncer que votre enfant est atteint d’une mutation de la saucisse faiblarde ! Enfin, ça, c’était jusqu’à ce que le comité chargé de la nomenclature commence à s’affoler, et propose une consultation pour mettre de l’ordre dans tout ça. Alors nos gènes auront un vrai nom… enfin, un truc du genre MHC2TA (génétiquement modifié en quelque sorte !).
Finalement Chilpéric, c’est pas si mal comme prénom !
Si vous hésitez encore pour le petit dernier :
Le portail des prénoms de la francophonie (19000 prénoms québécois)
Pierre, Paul, Jacques, la ronde des prénoms
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