La vie quotidienne
Joseph Grunenwald, mon arrière grand père, facteur de pianos, avait créé une première affaire 19 place de la Réunion (Hôtel de ville) au rez-de-chaussée de leur maison. Son activité prenant de l’importance, il s’est ensuite installé à l'angle du 53 rue de la Sinne et du 14 passage de l’Hôtel de Ville. Son épouse avait la haute main sur l'administration de l'entreprise, ils étaient secondés par plusieurs employés.
C’est ainsi que grand’mère jeune fille observa les notables mulhousiens et les Prussiens qui se croisaient, chacun restant sur son quant à soi.
On circulait encore en calèche, cabriolet… il y avait une vie de société très active avec grands bals et concerts. Les femmes et demoiselles portaient de magnifiques robes du soir longues qui froufroutaient. Les tenues de jour allaient également jusqu’à la cheville. Les jeunes gens pour avoir aperçu un soupçon de mollet à défaut de trousser un jupon que les moeurs sévères interdisaient, tournaient sur un billet un compliment imaginatif et ému…
On ne plaisantait pas avec la bonne tenue. Grand’mère et sa soeur pour faire des courses ou se promener étaient dûment chaperonnées par leur Mlle Louise. Cette dernière laçait leurs corsets à les étouffer, veillait à ce qu’elles ne sortent jamais sans chapeau et sans gants.
Les trousseaux de linge de maison à l’époque se comptaient par plusieurs douzaines de pièces de chaque sorte. J’ai une des armoires anciennes qui vient de chez mon arrière grand-mère. A l’intérieur sur l’une des portes figurent écrit à la craie l’inventaire de son trousseau impressionnant : des douzaines et des douzaines de draps brodés, de torchons, nappes, serviettes et essuie-mains damassés…
Pour les petites lessives de blanc « tante Rosalie » recommandait dans son ouvrage de 1894 d’utiliser : 125grs de savon fondu dans 6 litres d’eau chaude. Puis d’y ajouter 15grs d’essence de térébenthine. Verser sur le linge et laisser tremper 24 heures avant de frotter et rincer et passer au bleu (boule de bleu dissoute dans l’eau faisant ressortir la blancheur du linge). Et pour enlever des traces de roussi sur le linge repassé : piler deux oignons pour récupérer le jus, 16grs de savon blanc, 60grs de terre de foulon et un bon verre de vinaigre, chauffer, laisser refroidir et tamponner le linge avec cette mixture, laisser sécher puis rincer à l’eau claire.
A l’époque, savoir mener son train de maison avec économie et efficacité était très important. Pour les femmes, c’était un devoir de préparer leurs filles à être des épouses et des mères irréprochables....
Fin du deuxième épisode...
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