Dans le fin fond des Pyrénées vivent deux sabotiers. Vous pensez peut-être que je vais vous parler d’un de ces « anciens » qui perpétuent la tradition de cette chaussure de bois qui était tant portée avant l’avènement du tracteur et de la botte en caoutchouc. Hé bien, pas du tout !
Pascal JUSOT est un jeune sabotier qui a décidé de continuer à faire vivre la tradition des sabots de Bethmale ; un bien curieux sabot avec sa pointe taillée dans la racine de la souche, tel une babouche de bois.
La fabrication de ces sabots est issue d’une légende colportée au coin du feu de génération en génération :
Les maures envahirent le Midi de la France et surtout les Pyrénées au IXème siècle. Ils occupèrent la vallée de Bethmale sous la conduite de leur chef "Boabdjl". Le fils du chef s'éprit de la plus jolie fille du val. Elle s'appelait "Esclarlys", ce qui signifie "teint de lys sur fond de lumière". Esclarlys était déjà fiancée au pâtre chasseur d'ysard "Darnert". Ce dernier s'était retranché dans la montagne avec ses compagnons pour organiser une vengeance. Il déracina deux noyers dont la base formait un angle droit avec les racines ; à l'aide d'une hache et d'un couteau, il tailla et creusa une paire de sabots (esclops) ayant la forme d'un croissant de lune avec une longue pointe effilée comme un dard. Puis un jour, les pâtres, Darnert à leur tête, firent retentir les "Hillets" et livrèrent un rude combat d'où ils sortirent vainqueurs. Puis ils défilèrent dans le village. Darnert chaussant ses sabots à longues pointes, avait accroché le coeur de la bethmalaise infidèle à gauche et celui du Maure à droite. Depuis ce temps-là, le soir de Noël, le fiancé offre à sa fiancée une paire de sabots à longues pointes, habillés de cuir et richement décorés de clous dorés dessinant un coeur. Il offre aussi une quenouille rouge et un fuseau, le tout fabriqué avec tout son amour - Plus la pointe des sabots est longue, plus l'amour est ardent -. En retour, la fiancée lui offre un tricot de laine brodé de velours et une bourse empanachée de rubans, de paillettes ou de jais.
Pour visiter son site, cliquez ici.
Isabelle ESTRADE, quant à elle, est sabotière ! Une femme qui fabrique des sabots, c’est pas courant, mais Isabelle s'est mis en tête de succéder à son beau-père qui lui rétorquait que c'était de la folie. Mais quand on est passionnée....
Isabelle a une autre idée du sabot, elle invente, elle crée, et chaque paire de sabot est un objet unique et beau. On dit qu'elle aime papoter avec ses clients. Allez savoir.... (moi, je sais !) Une chose est sûre : elle sait transmettre le plaisir de son métier. Mais je vous laisse juger ; si la curiosité vous pique, visitez donc son site.
En 1870 il y avait 25.000 sabotiers en France. En 1935, il n’y en avait plus que 12.000, et ce nombre n’a fait que décroître. Aujourd’hui, les vrais sabotiers sont aussi nombreux que les hommes politiques qui disent la vérité.
En 1850, un journalier dépensait 1 franc pour une paire de sabot, alors qu’il gagnait environ 1,25 franc par jour. A cette époque « le métier ne faisait vivre son homme qu’à la condition de ne pas gâcher sa journée en fariboles. Un sabotier qui ne produisait pas ses quatre à cinq paires, de son lever à son coucher, ne gagnait point la croûte de sa maisonnée. Ses mouvements devaient être nets, précis, efficaces, sans repentir aucun. ». Aujourd’hui, ce rapport gain d’une journée de travail/prix des chaussures n’a pas beaucoup évolué.
Et pourtant Pascal et Isabelle fabriquent toujours des modèles uniques, et ils en vivent.
merci de parler de nous sur votre site
nous venons de mettre en ligne notre site internet : pouvez vous l'indiquer dans l'article nous concernant ?
merci beaucoup
pascal Jusot
SABOTIER
09800 aret
Rédigé par : PASCAL JUSOT | 01 février 2007 à 22:28
Bonjour Pascal
Merci de votre précision. J'ai modifié le billet concerné pour que le clic sur votre nom mène à ce nouveau site.
Rédigé par : Jean-Louis MOREL | 02 février 2007 à 08:51