Le statut habituel et coutumier du mariage ne sera réellement mis en place qu'à partir du 17e siècle d'une part parce que l'Église est obsédée par les fiançailles, puis parce que l'État l'est lui par le consentement parental et chacun restait sur sa position.
Canoniquement « le verba de futura » à savoir : "par parole des futurs" pouvait être assimilé au sacrement de mariage, d'autant que les fiancés passaient couramment à la seconde phase du sacrement... c'est à dire à l'union sexuelle.
La couche des promis étaient alors dressée en plein milieu de la pièce principale (spécialement en Grande Bretagne) et il arrivait même que se développe une véritable phase de mariage à l'essai. Aucune législation canonique ne régissait réellement le mariage et les cas de consanguinité et même d'inceste sont très fréquents, multipliés par le souci de garder le patrimoine dans le lignage.
Le mariage du Moyen-Âge était de type germanique qui se distinguait assez mal du simple concubinage. A la fin de cette période, la validité du mariage sera souvent définie par la vie selon l'adage : « manger, boire et coucher ensemble... c'est mariage ce me semble ! » ...Plus qu'un sacrement proprement dit.
Ce ne sont que dans les sentences de Pierre Lombard en 1152 que le mariage apparaît dans la liste des sacrements. Le 4eme Concile de Latran en 1215 prescrit la publicité des projets de mariage par publication de ban. Dans le même temps, les causes d'empêchement sont réduites pour limiter les prétextes à répudiation parfois nés d'une réelle ignorance de tous les liens de cousinage.
Du 8ème degré, on passe au 4ème degré dans l'interdiction - On va lutter aussi contre les mariage arrangés de l'aristocratie et de leur trop facile dissolution par des évêques complaisants. Seront alors tenus pour empêchement antérieurement contracté et non rompu par la mort :
- les voeux perpétuels du clerc admis aux Ordres majeurs
- l'insuffisance d'âge : 12 ans pour les filles - 14 ans pour les garçons
- le défaut de consentement et la consanguinité étendu au 8è degré : cousin issu de germain
- la parenté spirituelle du parrain à la marraine
Des dispenses pourront être accordées pour le cas de l'âge et de la consanguinité. Dès le 12e siècle, le Père Anselme de Laon va distinguer le mariage précoce des jeunes enfants : par parole de futur : sorte de fiançailles avec échange de consentement et le mariage - et par parole de présent : qui n'est célébré qu'à l'âge ou la consommation est devenue possible.
Ce n'est qu'au Concile de Trente (Italie) entre 1545 et 1563 que devait se clarifier les choses et que l'on en vint à rapprocher considérablement la date des fiançailles et celle du mariage ou bénédiction nuptiale.
Sous Louis XIV vieillissant, il devint même obligatoire de se fiancer la veille du mariage, l'honneur ainsi était sauf (où ce qui en paraissait)... Les mariages fortunés procurèrent évidemment des abus. En effet, certains jeunes mariés montrant surtout de l'intérêt pour la fortune et les espérances qu'ils pouvaient en tirer, trouvaient toujours des prétextes pour enregistrer "leurs promesses".
En 1640, la conjoncture Église/État rassura les parents les plus fortunés. Même après 25 ans, le fils ou la fille sont tenus de demander permission à leurs parents pour convoler. Ils ne peuvent passer outre à celle-ci qu'après avoir adresser trois sommations respectueuses et encore, les filles devaient-elles attendre parfois jusqu'à l'âge de trente ans et attendre même parfois que le mariage lui-même soit "arrangé" par les parents réciproques.
La sexologie prénuptiale : elle est relativement rare au 17e siècle car tout avortement provoqué assimilé à l'infanticide était puni de mort. 5 à 10% seulement de filles-mères au 17e dixit les déclarations de grossesse obligatoires de par l'édit d'Henri II renforcé par celui de Louis XIV.
Quel jour se mariait-on au 17e siècle : Souvent le mardi (quelquefois le lundi) - la fin de semaine est consacrée au souvenir de la passion du Christ et le curé est trop occupé le dimanche et hors les périodes de Carême ou d'Avent. On se marie plus facilement dans les mois de : novembre - janvier - février car on tuait le cochon à cette période et cela servait pour le repas de noce, surtout dans les familles les plus aisées et qui possédaient du bétail.
Se marie t'on dans son milieu rural : Oui sauf si la paroisse est très petite, on épouse majoritairement un ou une autre paroissien(ne). La proportion d'endogamie paroissiale atteint parfois 65-70 voir 80%. Les mariages dans les villages voisins à la ronde (exogamie) sont pour les trois quart du reste des mariages. Seuls les plus riches gros bourgeois, marchands ruraux, vont chercher femme un peu plus loin dans une périphérie variable. Quant à l'étranger (parfois appelé en Ile de France le Horsain), il aura bien du mal à se faire accepter mais cela arrivera dès le 18e et surtout le 19e siècle plus ouvert avec les nouveaux moyens de locomotion et surtout l'apparition du chemin de fer.
S'épouse t'on dans la même profession : Il va sans dire que l'on privilégie sa caste « son estat » et que les mariages à 90% se font entre gens de même corporation. Il est rare cependant qu'un roi épouse une bergère, mais pourtant il arrivait que des mésalliances provoquées par l'amour brisent quelque peu ce bel ordonnancement matrimonial.
Les fiançailles devaient être faites devant témoins et étaient un engagement sérieux dont la coutume a persisté dans les pays anglo-saxons où l'engagement de fiançailles est reconnu par la Loi. Autrefois, la cérémonie de mariage se déroulait à l'église devant le porche et devant la foule des invités ou des curieux. Là, en présence des témoins, le prêtre revêtu de son étole, de son surplis, les deux fiancés échangeaient leur serment :
Je te prends à époux
je te prends à épouse
et non "comme" car cela signifie bien : à vie, pour toujours. Puis « de cet anneau je t'épouse et de mon corps je t'honore ». Louis IX y avait fait graver "en cet annal tout mon amour" pour Marguerite de Provence. L'usage d'habiller de blanc la jeune mariée ne s'est introduit qu'après le Moyen-Âge et même très tardivement dans les campagnes.
Dans le monde médiéval, la mariée est généralement vêtue de couleurs éclatantes, souvent de rouge. Elle a les cheveux flottants en signe de virginité, couverts d'un voile ou bien, elle porte une couronne de fleurs dont l'usage est resté dans la couronne de fleurs d'oranger de nos grands-mères. Pendant la messe, les deux fiancés sont couverts du même voile que l'on nomme « le poesle », ils communient à la même hostie et à la même coupe de vin consacré...
Une fois toutes ces cérémonies accomplies, le lit conjugal sera encensé puis aspergé d'eau bénite avant d'y coucher les jeunes époux et tout cela devant force témoins qui plaisantent et font parfois quelques blagues aux jeunes mariés. Les coutumes varient selon les lieux et parfois, une fois la cérémonie finie, en Normandie ou en Ile de France, le jeune époux participe à des jeux de force qu'on appelait quintaine.
A quel âge se mariait-on aux 16è ou 17è siècle : Il suffirait bien sur de se pencher sur les actes de baptêmes des intéressé(e)s mais ce serait trop simple.. car bien souvent l'époux vient d'ailleurs ! Vers 1560, les filles se marient entre 18 et 19 ans - sous Henri IV se sera à tout juste 20 ans le garçon lui plus facilement entre 25 et voire davantage car souvent parti à la guerre dans sa prime jeunesse.
Progressivement, les filles se marient plus tardivement sauf dans le Centre et dans les Charentes où l'usage ancien de voir filles et garçons se marier dès qu'ils sont nubiles va persister relativement longtemps. Il n'est pas rare de voir des filles de 12 ou 13 ans mariées à des garçons de 17 ans minimum.
Nous le voyons, bien des coutumes qui ont quelque peu évoluées.. Nos ancêtres du Moyen-Âge ont vécu dans la grande morale des prêtres et se mariaient selon la coutume du temps ou l'adage précité ci-dessus.. ceux là nous échapperont dans notre recherche généalogique, tandis que le 17e siècle nous amènera enfin des registres où mentions seront faites du passage devant monsieur le curé selon la bonne règle de l'Eglise et de l'Etat.
Sources : G.Duby, le chevalier, la femme et le prêtre - Histoire du peuple français des origines au Moyen-Âge LH.PARIAS de Régine Pernoud - Histoire de la vie quotidienne des paysans Français P. Goubert.
Le mariage est acte sacré et important pour les personnes qui en prennent le chemin.
Rédigé par : mariage | 27 décembre 2006 à 09:09