Les Malgré-Nous et le prochain recensement des 40.000 morts et disparus.
Les Français sont peu nombreux à savoir ce que signifient ces mots. Pour les Alsaciens, ils rappellent une tragédie et une douleur qui ont touché presque toutes les familles.
En 1942 le Gauleiter Wagner «proconsul nazi Wagner» pour l’Alsace a obtenu d’Hitler que les jeunes gens d’Alsace et de Moselle soient incorporés bon gré, mal gré, dans l’armée allemande. Une infime minorité accepta, la majorité refusa. Ils devinrent les « Malgré-Nous ».
Ceux qui tentaient de s’enfuir pour échapper à l’incorporation, s’ils étaient repris, étaient fusillés. Quant à leurs familles, elles étaient déportées en Silésie, Poméranie, en principe loin vers l’Est, en ayant deux heures pour rassembler quelques affaires. En général peu sont revenus.
Bien que la France déclara les Malgré-Nous « Morts pour la France » après la guerre, on préféra déployer le manteau de l’oubli et du silence sur ce drame dû à la défaite de la France en 1940 et à l’annexion de l’Alsace et de la Moselle.
Il y eut 130.000 incorporés de force, nés entre 1915 et 1926. A la fin, il s’agissait de gamins de 16-17 ans. Certains furent versés d’office après 1943 dans les régiments de Waffen SS, où les pertes avaient été lourdes.
La plupart des incorporés a été envoyée sur le front de l’Est vers la Russie. Les officiers qui s’en méfiaient, les traitaient de Schweinkopf/tête de cochon. Ils les jugeaient des traîtres potentiels. Les Alsaciens étaient ainsi disséminés dans les régiments.
Ils ont vécu l’enfer sur le front russe, en Pologne, Roumanie…sans parler des camps de prisonniers russes et américains, ou traités comme des Allemands beaucoup sont morts. On peut penser au sinistre camp de Tambow russe.
Aujourd’hui le 1er décembre 2006 on annonce le début du recensement des Malgré Nous jamais revenus. (info DNA)
Recensement des incorporés de force morts ou disparus
Ils sont environ 40.000 sur 130.000, morts ou disparus sous l’uniforme de la Wehrmacht. Le général Baillard a parlé du projet d’un « Mur des noms » à Schirmeck, lors d’une réunion à la mairie d’Handschuheim avec Daniel Hoeffel ancien ministre, les amis du mémorial d’Alsace-Lorraine représentés par MM Meysembourg et Spisser, l’association des orphelins de père Malgré-Nous, Eric Sander de l’institut du droit local.
Sur ce mur du souvenir, situé « le long des allées du Mémorial d’Alsace-Moselle », s’inscrira les noms de ces 40.000 soldats morts ou disparus. Il pourra devenir en particulier un lieu de recueillement pour leurs familles privées de leurs sépultures. Les autres victimes du nazisme pour cette province seront inscrites sur un site interactif dans le mémorial.
Pour réaliser ce projet sur une durée de dix ans, on commencera par faire le recensement de toutes ces victimes auprès des mairies. Les présidents des conseils régionaux et généraux d’Alsace-Moselle participeront au financement de ces travaux qui serviront également aux universitaires.
Le témoignage de Jean-Pierre Apprill, un Malgré-nous
L'ouvrage de Mady Fehlmann Blackburn sur les Malgré-nous
Le site en anglais: www.malgre-nous.com
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