De la religion
La religion occupait encore une place importante au XIXè siècle.
Ma grand’mère mulhousienne et toute sa famille se rendaient à l’office du dimanche. Il y avait un cousin l’abbé Henri Bader (°15.3.1862 +15.7.1949) qui était vicaire à l’église St Etienne à Mulhouse. Il finit sa vie à Westhalten.
L’abbé partageait souvent le repas dominical de la famille. L’atmosphère était gaie et bon enfant. De temps en temps tout le monde partait passer quelques jours à Murbach. L’un de leurs meilleurs amis était le curé Aimé Scherrer, spirituel et bon vivant. Quand il leur écrivait, il signait parfois par plaisanterie « Le Prince abbé de Murbach » ! L’ancienne qualité des titulaires de l’abbaye.
Grand’mère et sa soeur, soprano et mezzo, qui avaient étudié le chant, prenaient part aux grands messes pour l’un ou l’autre solo au grand plaisir du curé Scherrer amateur de musique.
Tous allaient volontiers faire des excursions dans les Vosges d’où ils envoyaient force cartes postales. Un jour où ils étaient sur Donon, ils avaient été pris dans un orage si terrible qu’ils s’attendaient à être foudroyés là-haut. Ils n’avaient jamais prié avec autant de foi qu’à ce moment, répondant en chœur aux « pater » et aux « ave » récités par le curé Scherrer. Et plus ce dernier leur disait qu’ils étaient dans la main du Seigneur et proche de lui, plus tremblotants ils se voyaient déjà trépassés !
Par la suite heureux rescapés de la foudre et du déluge, ils riaient de leur aventure, se félicitant que le Seigneur les ait oubliés sur la montagne.
C’est vers cette époque que Victoire dite Ratty s’éprit d’un jeune homme, pharmacien, d’une famille très convenable et appréciée à Mulhouse mais l’histoire d’amour finit dans les larmes et le drame… Il était protestant et elle ne put se résoudre à affronter cette situation. A cette époque les deux communautés ne prêchaient pas encore l’oecuménisme et des tensions existaient.
Pourtant c’est en Alsace que s’était institué le simultaneum après l’annexion de L’Alsace au royaume de France par Louis XIV. Il persiste encore de nos jours pour quelques églises.
Le simultaneum prescrivait que dès qu’il y aurait 7 familles catholiques dans une paroisse, il y aurait partage de l’église. Le chœur serait dévolu au culte catholique, la nef restant pour le service protestant. Cela suscita parfois des difficultés, surtout pour faire les travaux d’entretien des bâtiments. Le partage des frais était délicat.
L’inhumation des défunts posait également des problèmes. Les curés refusant d’enterrer les « acatholiques » ou protestants parmi les catholiques en terre consacrée. Ils les reléguaient au fond du cimetière avec les suicidés et des enfants non baptisés pour éviter de souiller le carré catholique.
Avec les mariages mixtes les choses se compliquaient encore. Les époux ne pouvaient reposer dans la même sépulture ! C’est ainsi que deux bi et tri-aïeules sont seules dans leur tombe les maris protestants sont…
Cet état de fait persistait encore en 1870, malgré des lois civiles françaises et allemandes, qui avaient ordonné de créer deux carrés un pour chaque religion. C’est après 1871 que les cimetières avec délimitations pour chaque religion se mirent en place plus généralement. C’est le cas du cimetière ancien de Mulhouse où se trouvent des tombes familiales.
Mais protestants et catholiques trouvaient toujours d’autres moyens de se chicaner à l’occasion des fêtes.
Le Vendredi Saint grande fête protestante et jour de pénitence pour les catholiques voyait ces derniers s’activer ostensiblement à de grands travaux comme charrier des charrettes de fumier puant dans les vignobles, les femmes faisant grande lessive. Pour l’assomption, fête de la Vierge c’était l’inverse.
Tout pouvait créer l’incident, trop d’encens catholique, de statues, de bannières, la sonnerie des cloches était différente selon la communauté. Une nouvelle cloche portant en douce une inscription latine honnie par les protestants fut nettoyée au burin pour apaiser les tensions. Les rivalités se retrouvaient entre les écoles confessionnelles.
Evêque, pasteurs, préfets et sous-préfets devaient intervenir pour trancher dans les débats.
On peut se réjouir de voir l’oecuménisme régner maintenant entre ces deux religions.
Une nouvelle eglise / temple vient de passer sous le regime du simultaneum, et de plus hors d'Alsace !!
Il s'agit de celle de Beaumont-les-Valence (26) qui etait coupee en deux par un mur depuis 2 siecles
cf http://catholique-valence.cef.fr/IMG/doc_Un_evenement_historique_a_Beaumont.doc
Rédigé par : Guillaume | 25 avril 2008 à 14:10
Bonjour Guillaume,
c'est en effet un cas étonnant et qui rappelle bien le simultaneum d'Alsace.
Amicalement
Rédigé par : France A. | 25 avril 2008 à 16:21