L’un de mes petits plaisirs préféré est de recevoir un mail de la part d’un visiteur de l’un de mes sites. Pas le petit mail de 3 lignes (qui fait tout de même plaisir aussi), mais de ces mails qui font une page et qui sont les prémisses d’un échange qui va durer. Oh, il n’y en a pas beaucoup, un par an c’est le bout du monde. Il s’agit souvent d’une personne qui a apprécié le site, qui y a retrouvé des souvenirs ou des valeurs qu’elle partage. Il s’agit aussi souvent d’une personne qui a des choses à dire, des histoires à raconter. C’est à mon avis le plus bel apport d’Internet : la mise en relation durable de personnes qui ne se serait jamais rencontrées autrement.
« histoires », le mot est lâché ! Avec un petit h et un s au bout. Des ces histoires qui font l’histoire, et qui n’ont rien à voir avec l’Histoire dont on fait tout une histoire.
Jean-Marie est l’un de ceux-là. Il a débarqué dans mon espace virtuel il y a un an et demi. Des histoires, il en avait à raconter, mais personne pour l’écouter. Et peut-être la « peur » que ces petites histoires se perdent de n’avoir pas été entendues. Nous avons commencé à parler de vieux métiers (je sais, ce n’est pas original). Puis nous avons confronté nos opinions sur les revues généalogiques et sur les habitants d’une petit pays - le Vatican ;-) -. Mais tout cela ne présentait pas grand intérêt : de ce côté-là, ni lui, ni moi ne sommes très chrétien ;-).
Très vite Jean-Marie m’a confié ses histoires, celles qu’il avait rassemblé en écoutant les vieux, en lisant des livres, mais aussi ses souvenirs de jeunesse. Quand on a habité près de la frontière franco-belge, on a connu ces maisons dont l’entrée est en France et l’arrière-cuisine en Belgique. Les fraudeurs, le tabac, les gabelous, c’était le quotidien. Des histoires comme cela, tout le monde en connaît, tout le monde en a entendu ; Mais elles finiront par disparaître si personne ne se préoccupe de leur survie.
Des histoires, Jean-Marie en avait tant qu’il en avait retranscrit une partie dans un document d’une vingtaine de page. Je lui ai proposé de le mettre en ligne pour chacun puisse en profiter, et cela lui a fait un plaisir immense. Le plaisir d’être écouté et de pouvoir donné à lire ce que lui avait écrit. Le plaisir était partagé : c’est une de mes préoccupations que de ne pas laisser ces bouts de vie se perdre. En voilà quelques-uns qui sont sauvés pour quelques décennies - je ne dirais pas où, sous peine d’être taxé d’autopromotion ;-) -.
Juste pour vous faire comprendre comment pour Jean-Marie, comme pour moi, les histoires sont plus importantes que l’Histoire, voici un extrait d’un des premiers message que Jean-Marie m’envoya :
…Alors, je suis devenu "rat de bibliothèque" pour combler mes lacunes en matière d'Histoire - non de la Belgique qui est une fabrication artificielle - mais de la Flandre, qui n'est d'ailleurs, à mon sens, pas une Histoire... mais un monde fait de chairs et de sang, de gens, de vies, et d'une multitudes d'histoires, comme celles que l'on pourrait raconter au coin du feu ou sous les étoiles...(j'en ai deux ou trois...) des histoires de "gens de peu", de tous ceux qui y vécurent, depuis si longtemps... Si je pouvais raconter ma Flandre - 1300 ans d'histoires (j'insiste sur le "s") - je commencerais par "Le plat pays" qui en résume tout l'esprit ; vous raconterez pourquoi "un canal s'est noyé..." et vous expliquerez pourquoi, lorsque le flamand lève la tête, il ne voit que "des clochers pour mâts de cocagne..." Vous montrer la misère d'un monde, le labeur des anonymes, victimes - après l'Italie des XIe/XIIe - d'un capitalisme tyrannique, d'envahisseurs, venus du sud, du nord, d'est... Les Viking sont même venu de l'ouest... Comment "ma" Flandre est né de rien, d'une terre dont personne ne voulait... il y a longtemps. J'en veux, aujourd'hui, à la Flandre d'être ce qu'elle est devenue... j'en veux surtout aux flamands qui, comme partout, écoutent les beaux parleurs... mais ceux-là sont, ici, d'extrême droite ! Les flamands s'en remettront. Ils s'en sont toujours remis : dommage qu'ils n'aient pas gardé en mémoire les leçons du passé... Mais comme bien des hommes, les flamands ont crû qu'ils avaient une Histoire, oubliant qu'elle n'est qu'à la gloire des rois, aux lamentations des guerres que nous avons perdus !
Un peu comme beaucoup de généalogistes qui résument le passé en dessinant un arbre... et dont la seule quête se résume à la recherche de quelques maillons manquants !
Depuis un an et demi, nos échanges continuent, avec leur moisson d’anecdotes. Entre Jean-Marie et moi – comme avec quelques autres internautes – une histoire est née, que l’Histoire ne retiendra sûrement pas.
PS : Pour les moins de vingt ans qui ne peuvent pas connaître (dixit Charles AZNAVOUR), merci à Jacques BREL – le plus français des flamands – pour ses textes qui évoquent le plat pays, les canaux et les clochers,…
Bonjour Jean Louis,
Moi, j'aime les gens qui ont des histoires et je les recherche.Depuis que papa n'est plus là pour me raconter le temps passé , sa jeunesse, les oncles et tantes, j'ai un manque d'histoires...
Où peut-on trouver les histoires de Jean-Marie ?
C'est les petites histoires des petites gens qui m'ont redonné goût à la Grande Histoire.
Bonne fin de journée,
Murielle
Rédigé par : MESTREAU Murielle | 06 janvier 2007 à 17:22
Bonsoir Murielle,
Je m'étais promis de ne pas le faire, de résister, mais comment faire ? et puis tout le monde sait que les promesses sont faites pour ne pas être tenues (surtout en ces temps...).
Alors celui (celle ?) qui pensait qu'il y aurait autopromotion avait peut-être raison ; qu'il(elle) pardonne ma faiblesse.
Les histoires de Jean-Marie sont ici :
http://morel-and-co.org/escaut.html
Rédigé par : Jean-Louis MOREL | 06 janvier 2007 à 17:52