Des aïeux et des animaux...
Assumant de longues heures de présence au magasin, notre arrière grand-mère occupait les temps morts en faisant de la peinture à l’aiguille et des gobelins. Elle a laissé des broderies remarquables.
Tom, le chien, avait le droit de l'accompagner. Tout le va et vient des gens et de la circulation dans le Nouveau Quartier le distrayait beaucoup. Nous avons évoqué l’affection de la famille pour leurs animaux familiers. On pourrait s’attarder sur le chien Tomele.
Tom avait un faible pour les promenades à cheval assis à côté de son maître, et pour les fêtes foraines. Un beau jour, il fallut se rendre à l'évidence, personne ne trouvait le chien du haut en bas de la maison. Il devint certain qu'il avait dû découvrir une porte ouverte et en avait profité pour faire une escapade. Aussitôt tout le monde de courir dans le quartier en appelant "Tom ! Tomele !".
Il se trouvait que c'était la période du messti / kermesse et qu'il y avait des manèges installés. Grand-mère et sa sœur Victoire coururent ça et là entre les manèges. Voyant un attroupement et entendant de grands éclats de rire devant l'un d'eux, elles eurent la curiosité de voir de quoi il retournait, s'approchèrent se frayant un passage parmi la foule. Tout à coup "oh ! Mon dieu !" s'exclamèrent-elles ! Elles venaient d'apercevoir calé sur le siège de velours rouge, la tête haute, fier comme Artaban, leur Tom montant et descendant dans les "chenilles".
Elles restèrent un moment pétrifiées, ne sachant que faire, et lui de tourner, superbe, marquant une souveraine indifférence au gens qui l'applaudissaient et s'esclaffaient du spectacle cocasse.
Les deux jeunes filles avisant le propriétaire du manège lui demandèrent d'arrêter l'engin pour reprendre leur chien. Et qu'arriva-t-il ? Ce dernier enchanté de l'attraction gratuite attirant les clients, de les supplier de lui laisser Tom pour quelques tours supplémentaires !
Et Tom profita encore un peu de cette distraction, se raidissant en appui sur ses pattes dans les descentes et se renversant mollement sur les coussins dans les montées en roulant des yeux éperdus de plaisir, grand-mère et sa sœur en souriaient encore bien des années plus tard.
Nos arrière-grands-parents avaient divers animaux familiers tortue, perroquet, chat, chien qui participaient à la vie familiale.
Georges, le frère de grand-mère avait une tortue Tilda qui s’entêtait à vouloir se glisser sous le piano sans succès car il n’y avait pas la place. Mais Tilda s’obstinait, elle reculait et repartait à l’attaque pour passer sous le piano. Elle est restée plus d’une fois coincée ! Les égratignures encore visibles sur le bois laqué noir sont les marques laissées par le bec rageur et les chocs de la carapace de Tilda. Cette histoire amuse toujours ma petite fille Ann-Kathrin qui étudie maintenant sur cet instrument qui vient du magasin de son arrière-arrière-arrière-grand-père !
Coco le perroquet lui avait un ennemi intime le chat Fritzele – pourquoi ? Peut-être la jalousie. Tous les matins Joseph le père de Gama prenait son petit déjeuner dans la salle-à-manger. Il aimait entre autres commencer par un œuf à la coque.
Fritzele, était autorisé à s’asseoir sur la chaise voisine de la sienne, et crime particulier aux yeux de l’oiseau, Joseph lui donnait le chapeau de l’œuf et une petite « mouillette » de pain trempée dans le jaune d’œuf qu’il dégustait délicatement.
C’était un rite matinal qui enchantait les deux compagnons, mais agaçait prodigieusement Coco. Joseph lui adressait pourtant quelques mots affectueux et il avait des graines dans sa mangeoire.
Il n’empêche que l’œil rond de l’oiseau avait des éclairs sombres qui prouvaient sa colère, et sa contemplation morose des graines le confirmait. Le temps passait et Coco n’attendait qu’une occasion pour se venger. Celle-ci se présenta un beau jour.
La famille était à la maison, chacun vaquant à ses occupations quand soudain retentirent un vacarme et des cris, des miaulements, hurlements, des sifflements et tambourinades. C’est un pandémonium qu’ils découvrirent en accourant. Coco mal attaché à son perchoir avait aperçu son ennemi se prélassant sur le tapis et avait volé à l’assaut !
Prenant Fritzele par surprise, il avait atterri sur le dos du chat épouvanté qui courait et sautait dans tout le salon poursuivi par le perroquet qui voulait s’agripper sur son dos. Revenus de son effarement, la famille s’employa avec difficulté à séparer les combattants qui restèrent ennemis jurés.
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