Pendant la seconde guerre mondiale, les soldats allemands en France engendraient environ deux cent mille enfants avec des Françaises, tandis que les milliers de prisonniers de guerre français et les travailleurs du STO en Allemagne avaient des dizaines de milliers d'enfants avec des Allemandes.
Ce 24 avril 2008, le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner en déplacement à Berlin, lors d'une intervention devant les étudiants de l'université Humboldt traitant de l'identité et de l'avenir de l'Europe, a abordé ainsi le sujet de ceux dénommés péjorativement "les enfants de boches".
« Je fais partie de ceux qui ne supportent pas que le mouvement de l'histoire passe les malheurs individuels par profits et pertes.
Or la France et l'Allemagne sont restées jusqu'ici sourdes à la détresse des dernières victimes innocentes d'un conflit qu'elles n'ont même pas connu. Je parle des enfants de la guerre, a-t-il dit, ceux qu'on surnommait en France du terrible nom d'enfants de Boches: (...) Rejetons de femmes damnées et de pères à la mémoire assassinée, ces enfants devenus adultes nous demandent soixante ans après de reconnaître enfin leur valeur, leur vie et surtout leur identité ».
B. Kouchner a ajouté :
« Cette identité faite de guerre et de souffrances, d'amours et de détestation, c'est aussi l'identité de l'Europe.
Je voudrais lancer une piste de réflexion encore à l'état embryonnaire: ne serait-il pas dans la logique et l'esprit de l'Europe d'accorder une reconnaissance à ceux dont l'être est partagé entre deux pays? Ne pourraient-ils pas faire de leur identité franco-allemande une réalité positive? ».
Le ministre a poursuivi :
« Tous ne veulent pas d'une double nationalité, la plupart demandent un geste symbolique. Quel que soit le geste, je propose de missionner dans un premier temps un certain nombre d'autorités françaises et allemandes, archivistes, historiens, juristes, philosophes notamment, pour, dans la transparence et la concertation, en préciser les modalités concrètes.
Loin de moi d'idée d'agiter les fantômes du passé, mais faisons en sorte que personne en France et en Allemagne ne doive cacher ses origines sous prétexte qu'elles se trouvent de l'autre côté du Rhin ».
Pour en savoir plus :
§ Geneablog : Guerres et enfants franco-allemands
§ Le Monde : Article de presse
§ FNAC : "Enfants maudits" de J-P Picaper et L Norz
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