Il y a quelques jours, j'avais signalé la prise de position des archivistes de France à l'occasion des grandes manoeuvres qui agitent le monde de la généalogie. (voir ICI )
J'ai repris la lecture de cet article pour vérifier si j'avais bien saisi les implications concernant un aspect du futur évoqué.
Je constate que j'avais sous-estimé l'impact négatif des projets envisagés.
Ceux qui prétendent vouloir agir dans l'intérêt des généanautes, avancent tels des renards masqués!
L'analyse de la situation faîte par les archivistes étant pertinente plutôt que d'en reprendre les termes, j'en donnerai des extraits. (le lien ci-dessus permet de retrouver l'intégralité de cet article)
"Une société de généalogie commerciale vient de mettre en demeure les Départements de lui fournir les fichiers numériques des recensements de population, des registres paroissiaux et d’état civil et des registres matricules militaires, des origines jusqu’aux années 1930, et les a avertis, par courrier, que sa demande s’élargirait à tous les documents nominatifs à fort contenu généalogique potentiel : registres d’écrou des prisons, listes électorales, listes
d’étrangers et de réfugiés des XIXe et XXe siècles ; cartes d’ancien combattant 1914-1918 avec photographie ; cartes d’identité de 1940, avec photographie ; registres d’entrée des hôpitaux, notamment psychiatriques ; fichiers de camps d’internement et de déportation liés à la guerre 1939-1945, fichiers juifs …
Le projet affiché par cette société est de constituer la plus grande base nominative jamais réalisée sur l’ensemble de la population française jusqu’au début du XXe siècle, comportant plusieurs centaines de millions de données, indexées (patronymes et autres informations disponibles) et reliées aux images correspondantes, sous des aspects qui touchent non seulement l’identité, mais aussi le domaine médical, pénal, fiscal, judiciaire... Pour les seuls actes d’état civil, cette base concernerait plus d’un milliard d’individus, dont des personnes évidemment encore vivantes. Sur la base de documents certes communicables de plein droit au regard de la loi, ce projet, par sa couverture géographique nationale et par ses caractéristiques technologiques (indexation patronymique systématique, rapprochement des données, entrecroisement de fichiers), aboutit à ficher toute la population française, en exploitant des données nominatives d’un grand poids juridique.
Si la concentration des données publiques nominatives et leur indexation sont autorisées, il sera possible à terme, en payant un abonnement et à partir d’un nom tapé dans un moteur de recherche, de connaître les personnes ayant porté ou portant encore ce nom et ayant connu, soit elles-mêmes, soit leurs ascendants directs, des ennuis judiciaires, des maladies mentales, des parcours sociaux ou politiques pouvant leur être opposés… Le profil familial d’un citoyen pourra ainsi être reconstitué et rendu accessible à tous dans toutes ses facettes (renseignements médicaux, données liées à la sexualité, instabilités matrimoniales, internements psychiatriques, incarcérations, positions militaires…). Qu’en fera un employeur sollicité par un candidat à un emploi ? Qu’en fera un banquier ou un assureur face à la demande de prêt immobilier d’un particulier ? Qu’en fera un individu tenté par l’usurpation d’identité ? Un jaloux, un rival évincé ?"
Qui peut raisonnablement dire qu'il serait content de voir livrer en pâture à la curiosité publique ses proches ascendants ou collatéraux concernés par tous ces fichiers sensibles (prison, maladie, immigrés etc...)
Non, ces projets en l'état sont inacceptables. La généalogie n'a pas à être intrusive. Elle doit se pratiquer dans le respect des individus et de leur famille. Et si des textes de lois s'avèrent inadaptés, laxistes et contraires à ces principes élémentaires , c'est aux citoyens de manifester leur opposition à des dérapages douteux.
Dans notre pays les mots "fichiers" et "fichés" rappellent de mauvais souvenirs.
Sur FranceGenWeb voir la note "Privatisation des archives : l'inquiétude perdure" lire en particulier dans les commentaires la réponse de Mme Verdier directrice de AD du Bas-Rhin (67)
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