Un ouvrage manuscrit composé de 6 cahiers reliés manuellement avec des ficelles, le tout sans couverture. C’est ce que m’a mis entre les mains un ami il y a quelques temps. J’ai tout de suite pensé qu’il ne fallait pas que ce recueil tombe dans l’oubli comme tant d’autres qui ont mal fini avant lui.
Ce manuscrit intitulé "Secrets véritables de la médecine chevaline" date assurément du XVIIe siècle et, tout aussi probablement, est un exemplaire unique. Quant à dire s’il s’agit d’une œuvre originale ou d’une copie, cela n’a pas encore été déterminé. Cet ouvrage a été écrit par un maréchal. Le maréchal (« mareschal » au moyen-âge) était à l'époque la personne qui avait en charge les chevaux d'un haras, d'un seigneur ou d'un personnage important. La thérapie entrait pour une grande part dans ses attributions. La profession se scindera ensuite en deux : d’un côté l’écuyer qui récupère la tache noble consistant à soigner et entretenir le cheval, de l’autre le maréchal-ferrant qui s’occupera du ferrage. Ainsi est né le maréchal-ferrant tel que l'on connu nos aïeux dans les campagnes.
Notre maréchal oeuvrait sûrement dans le courant du XVIIe siècle, comme l’avait fait sont père avant lui. Le paléographe sympa, mais néanmoins averti (dont les initiales comportent 3 lettres pour ne pas le nommer !) nous indique que l’écriture date de la fin du XVIIe siècle. Le manuscrit a également été soumis à un professeur d’une grande école vétérinaire, qui a émis l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’une copie comme les empiriques en produisaient à l’époque (empirique désigne le maréchal qui exerçait une thérapie empirique comme c’était souvent le cas en ces temps).
On trouvera ici un livre, imprimé celui-ci, datant de 1664 : « Le parfait maréchal qui enseigne à connoistre la beauté, la bonté et les deffauts des chevaux, ensemble un traité du haras » (ouf ! quel titre !) de SOLLEYSEL, écuyer ordinaire de la grande écurie du roy. Le sujet et les chapitres sont dans le ton du manuscrit, sans qu’il s’agisse d’une copie dans un sens ou dans l’autre.
Outre l’éclaircissement que nous apporte ce manuscrit sur les méthodes vétérinaires de l’époque – on pourra juger de toute la portée du mot « empirique » -, on pourra en tirer un excellent entraînement à la paléographie (les deux dernières pages ayant été intégralement transcrite par le paléographe sympa susnommé).
Ce manuscrit est consultable en ligne (miniatures en diaporama ou pages en plein écran) ici. Il est également téléchargeable au format PDF ici.
Les commentaires récents